Dans un précédent article, Yabiladi a constaté que le projet de résolution sur le Sahara avait répondu à certaines demandes du Maroc. Néanmoins, les passages du texte appelant à la relance des négociations directes entre le royaume et le Polisario risquent d'incommoder les diplomates marocains. Horst Köhler est sur le point d'imposer son idée de relancer les négociations directes entre le Maroc et le Polisario. En témoigne la version finale du projet de résolution sur le Sahara occidental. Le Conseil de sécurité «prend note des quatre rounds des négociations (directes de Manhasset aux Etats-Unis) tenues sous les auspices du secrétaire général (Ban Ki-moon entre juin 2007 et mars 2008) et reconnait l'importance des parties de continuer à honorer leurs engagements et ce en poursuivant le processus de négociations sans conditions préalable et avec bonne foi», lit-on dans le paragraphe 13 du document. Quelques lignes plus tard, les allusions sont définitivement mises de côté pour laisser place à un ton direct et clair. Les Quinze soulignent «l'importance des parties à continuer à avancer dans le processus politique et ce par une préparation du 5e round de négociations». La touche de l'ancien président allemand est bien visible sur les deux passages. Cet appel qui ne souffre la moindre équivoque atteste de la réussite de Köhler à convaincre le Conseil de sécurité, notamment les membres du «Club des amis du Sahara occidental», pour appuyer son projet. Que fera le Maroc qui refuse de s'asseoir autour de la même table avec le Polisario? Cette invitation devrait incommoder les officiels marocains. Ils ont, à maintes reprises, vigoureusement rejeté la proposition de négociations directes avec le Polisario. Des rejets ont été exprimés à la fois par les ministres des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et des Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. La balle est désormais dans le camps du Maroc et il a moins de vingt-quatre heures pour renverser la vapeur en sa faveur. Une fois cette version finale du projet de résolution adoptée par le Conseil de sécurité, Köhler sortira alors de sa réserve et appellera ouvertement le royaume à des négociations directes avec le Front. Huit mois après sa nomination en tant qu'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, l'ancien président allemand est en train de gommer les huit années de Christopher Ross et ses neuf «réunions informelles».