200 ressortissants marocains sont actuellement détenus en Libye. S'ils espéraient passer de l'autre côté de la Méditerranée, ils sont aujourd'hui réduits à l'esclavage, rapporte Telquel qui a réalisé une enquête. Ces Marocains ont versé en moyenne 40 000 dirhams à des réseaux d'immigration clandestine censés les faire passer en Italie. Ibtissam, la sœur de l'une des victimes marocaines, a révélé à Telquel que son frère a rejoint la Lybie en passant par l'Algérie, dans l'espoir de gagner l'Europe, avant de se retrouver otage de réseaux de traite d'êtres humains. D'après la jeune femme, ces mêmes réseaux ont exigé de la famille une rançon, menaçant de tuer son frère le cas échéant. C'est ainsi que sa famille a cédé et remis l'argent aux intermédiaires. «Un gang nous avait séquestrés et avait pris contact avec le chef d'un réseau d'immigration clandestine pour nous vendre. La transaction a eu lieu. Notre acquéreur nous a obligés à payer le double de la somme qu'il a déboursée pour nous acheter. L'armée a fini par donner l'assaut contre les maisons que nous habitions à Sabratha (nord-ouest de la Libye, ndlr) et nous avons fini dans un centre de rétention», témoigne un marocain retenu en Libye. Cantonnés depuis plusieurs mois dans les centres de rétention, ces ressortissants ont récemment commencé à enregistrer des vidéos et à les publier sur le site de l'instance officielle libyenne chargée de la lutte contre l'immigration clandestine, dans l'espoir d'une intervention des autorités marocaines. Face à la sourde oreille du gouvernement El Othmani, ils ont également entamé des grèves de la faim.