Le parquet libyen a ordonné, samedi 1er mars, le placement en détention de plusieurs hauts responsables de la Compagnie libyenne d'investissements extérieurs (Lafico) pour corruption financière et manquements administratifs, selon des sources locales. Parmi les personnes arrêtées figure le directeur du bureau de la Lafico au Maroc ainsi que des cadres en charge des affaires techniques et des services. L'enquête a révélé l'octroi irrégulier de paiements pour des contrats fictifs et l'abstention volontaire de percevoir les loyers dus pour des biens immobiliers appartenant à l'entreprise, entraînant d'importantes pertes pour l'Etat libyen. Les magistrats ont estimé que ces agissements contrevenaient aux règles juridiques et comptables en vigueur, permettant à certains individus de bénéficier indûment de fonds publics tout en faillant à leur mission de gestion du patrimoine national. Chargée d'administrer les capitaux extérieurs de la Libye, la Lafico est régulièrement mise en cause pour sa gouvernance opaque et les interférences politiques qui entravent son fonctionnement. À la tête de milliards de dollars d'actifs répartis entre l'immobilier, la finance et le tourisme, elle peine à juguler les irrégularités favorisées par l'absence de contrôle effectif. Dans un pays miné par la corruption, notamment dans la gestion des fonds souverains et des revenus pétroliers, la faiblesse des mécanismes de régulation et l'instabilité politique ont laissé prospérer détournements et malversations. Malgré les annonces répétées de réformes, les obstacles restent nombreux, entre divisions internes, enjeux sécuritaires et influences de puissants réseaux d'intérêts. Ces nouvelles arrestations, selon Tripoli, marquent néanmoins un tournant dans la lutte engagée par les autorités contre les abus financiers.