Khadija David, candidate aux prochaines législatives en France les 04 et 18 juin prochains, se présente sans étiquette à la 9ème circonscription des Français à l'étranger. Interview. Pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours et notamment politique ? Je n'ai pas un parcours politique tel qu'on le connait habituellement parce que je ne suis ni adhérente ni sympathisante d'aucun parti politique. Pour moi la politique on en fait tous les jours, la politique, c'est un mot noble, c'est rechercher le bien commun. Ce qu'on a aujourd'hui avec le PS, LR etc, ce n'est plus de la vraie politique. On est vraiment dans le bipartisme, on a un peu oublié que le socle c'est quand même le citoyen. Donc j'ai décidé de m'engager parce que justement je me dis que le citoyen il faut le remettre au coeur des décisions. Il y a un moment il va falloir avoir un renouvellement des partis politiques et les différentes affaires ont montré aussi un ras le bol complet. Je pense qu'aujourd'hui la société civile doit reprendre sa place et être un peu plus pragmatique et concrète que le sont nos politiques, voilà mon engagement un peu au quotidien. Pourquoi avoir choisi cette 9ème circonscription des Français à l'étranger ? J'ai choisi cette circonscription parce que déjà je suis Franco-marocaine, je connais très bien le Maroc et puis j'ai des attaches en Tunisie, au Sénégal, en Côte d'Ivoire. J'ai pas mal d'amis et depuis des années ils me font part de leurs difficultés. Et c'est vrai que quand je vois l'inégalité entre mes concitoyens de France et ceux de la 9ème circonscription, je me dis qu'il y a de l'équité à remettre et pour moi c'est un challenge, c'est là où je me sens le plus utile. Quels sont ces points justement de crispation, ces inégalités que vous avez relevés en rencontrant les Français de cette circonscription ? Lors de mes différents voyages, j'en ai relevé cinq, c'est très simple. J'ai cinq points dans mon programme et je me dis si je suis élue c'est un par an. J'ai déjà preparé les propositions de loi là dessus. Le premier c'est l'éducation, je pense que tout le monde en parle mais moi comparé à mes concurrents, je ne suis pas pour baisser les charges pour que les frais scolaires soient moins élevés. Je suis pour la gratuité scolaire clairement, c'est juste au niveau d'un principe de l'égalité républicaine. Comment financerez-vous cette gratuité ? Très simple. Prenons le système privé en France, l'état subventionne tous les ans 7 milliards d'euros aux établissements privés à partir du moment où ils sont sous contrat. On a évalué la gratuité, c'était sous le mandat de Sarkozy y avait eu des études qui avaient été faites et la gratuité des établissements scolaires ce serait 170 millions d'euros par an, ce qui est une goutte d'eau par rapport aux 7 milliards. Mon deuxième point c'est la santé. Aujourd'hui il y a pas mal de Français de l'étranger que j'ai rencontré qui n'ont pas les moyens de côtiser à la caisse des Français de l'étranger donc en général ils sont sur une sécurité sociale locale. Moi je serai pour créer une couverture universelle pour les français de l'étranger. On est un pays de solidarité en France, quiconque, de nationalité française ou pas, peut bénéficier de soins gratuits, soit par le biais de l'aide médicale aux étrangers soit par le biais de la CMU, etc. Pourquoi est-ce qu'on ne serait pas capables de le faire pour les Français à l'étranger qui sont en difficulté ? Pour moi on est toujours sur le même principe. Le troisième point, moi j'ai beaucoup de retours sur l'administration, les Français et l'administration et notamment le fait qu'ils sont obligés d'aller voir des avocats ou fiscalistes ou des juristes qu'ils sont obligés de payer pour pouvoir les défendre. Est-ce qu'on ne pourrait pas imaginer d'avoir des permanences au sein des consulats, de juristes et d'avocats spécialisés dans les lois du pays ? On le fait très bien en France notamment ce qu'on peut appeler les écrivains publics, les permanences d'avocats etc. Quatrième point, la revalorisation des retraites, parce que les retraites entre les différents pays ne sont pas forcément les mêmes donc il faudrait qu'on ait effectivement un barème unique. Dans certains pays, ils ont le choix d'être imposés par le pays de résidence ou bien en France, dans d'autres pays c'est l'imposition locale. Donc des personnes qui se retrouvaient en France non imposables, déménagent et se retrouvent imposables dans certains pays de la 9ème circonscription. Et puis mon dernier point, qui est pour moi important, c'est ce que j'appelle la démocratie participative. Au niveau de l'enveloppe parlementaire, qui se situe entre 130 et 160 000 euros par an, je proposerai aux associations de pouvoir déposer un projet et que ce soit les Français résidents du pays où sont déposés les projets qui votent pour le choix en toute transparence. Après j'aimerais aussi créer ce qu'on appelle un conseil citoyen, ce serait en fait rassembler des entrepreneurs, des associations et des citoyens qui travailleraient avec moi pour préparer des lois spécifiques à la circonscription. Donc c'est vraiment reprendre le lien avec la diaspora et la France. Sur ces cinq points, il y a beaucoup de choses généreuses, mais est-ce que certains responsables ne poseront pas comme condition, que les Français de l'étranger soient imposés comme les Français en France ? Les Francais de l'étranger côtisent déjà en France, par exemple tous ceux qui ont un bien immobilier, ils payent des charges sociales alors qu'ils n'ont pas d'aides de la CAF, ils n'ont pas d'aides de l'assurance maladie. Ils payent déjà sans avoir de retour. Les Français établis à l'étranger sont les meilleurs ambassadeurs de la France, y a des chefs d'entreprise etc. Il y a une telle richesse donc on ne peut pas dire 'voilà vous êtes allés à l'étranger, vous n'êtes plus Français', ce n'est pas possible et puis le fait qu'il y ait des écoles françaises ça permet un rayonnement de la France. Pour moi ils nous enrichissent d'une certaine manière donc on se doit, nous, le pays de les aider au même titre qu'on aiderait des étrangers en France. C'est pas comme si on était dans une société où comme dit le Front National, c'est la préférence nationale, non, on est un pays de solidarité donc quiconque frappe à la porte sera aidé, il faut aussi qu'on aide les 2 millions de Français à l'etranger. Normalement ce type de campagne passe plutôt inaperçue dans les médias locaux, des pays de la 9ème circonscription. Cette année avec Leila Aïchi, il y a eu toute une polémique, et ça a intéressé les médias marocains en l'occurrence. Qu'avez-vous pensé de cette investiture ensuite retirée ? Oui, moi je pars du principe qu'on est Français, on représente la France. A partir du moment où on investit une personne qui a tenu des propos contraire à la position française sur un des pays où elle se présente, pour moi c'est pas possible, c'est une faute. Donc vous personnellement votre position concernant l'affaire du Sahara, au-delà de votre binationalité, vous reprenez la position de la diplomatie française ? Oui, et je pense qu'en plus la diplomatie française depuis la nuit des temps a toujours soutenu la position du Maroc et les efforts du Maroc à trouver une solution. Aujourd'hui, la diplomatie française est derrière le Maroc, donc je pense qu'un candidat français ne peut pas se permettre d'être aux antipodes du cadre de la France. Je trouve ça pas judicieux surtout que je pense qu'En Marche avait certainement des dizaines d'autres candidatures à mettre sur la circonscription. Justement en parlant d'En Marche, est-ce que demain, si vous êtes élue, vous soutiendrez la majorité présidentielle ? Quelle sera votre position ? Ma position est claire, moi, c'est le citoyen avant tout. A partir du moment où il y a une proposition de loi qui va vraiment vers les citoyens, qu'elle soit de droite ou de gauche, pour moi elle sera votée. Et pareil, mes propositions de loi, demain, je les présenterai à tous les groupes parlementaires des partis et je n'hésiterai pas à dire à mes concitoyens qui a dit non et qui a dit oui, il faut aussi de la transparence. Je pense qu'en tant qu'indépendante, c'est beaucoup plus facile je peux travailler avec tout le monde, je ne suis pas tenue par un chef de parti. Après je ne suis pas hostile à Emmanuel Macron, de ce que je vois en tout cas pour avoir voté pour lui à la présidentielle, je pourrais être dans la majorité présidentielle. Vous êtes sans étiquette, est-ce que ce n'est pas un peu difficile de mener et financer une campagne sans un parti derrière ? C'est très compliqué pour trouver de l'argent. Je fais régulièrement des appels aux dons mais effectivement je ne peux pas mener une campagne à la Didier Le Bret ou à la Erwan Davoux, donc je fais avec les moyens qui sont les miens, j'ai décidé d'y aller, j'y vais.