La médecine marocaine connaît une véritable transformation, portée par des innovations techniques et une volonté de modernisation. Parmi ces avancées, la radiologie interventionnelle (RI) se positionne comme un pilier incontournable, redéfinissant les pratiques médicales et chirurgicales. Au croisement de l'imagerie et de la thérapie, la RI bouleverse les approches traditionnelles, offrant des solutions moins invasives, plus sûres et économiquement avantageuses. « Définie par la Société française de radiologie, la RI regroupe l'ensemble des actes médicaux invasifs réalisés sous guidage d'imagerie (fluoroscopie, échographie, scanner, IRM). L'objectif est double : poser un diagnostic précis et/ou administrer un traitement ciblé », explique Dr Alae Mrani Zentar, expert en radiologie interventionnelle chez Oncorad Group. Il ajoute qu'à travers son champ d'application étendu, allant des maladies cardiovasculaires aux pathologies oncologiques, cette discipline illustre la convergence entre expertise clinique et innovation technologique. La RI, une révolution bénéfique La radiologie interventionnelle représente une avancée majeure, tant pour les patients que pour le système de santé dans son ensemble. Pour les patients, Dr Alae Mrani Zentar note qu'elle « réduit significativement les contraintes liées aux interventions chirurgicales traditionnelles en offrant des procédures moins invasives. Cela se traduit par une récupération accélérée, un retour rapide aux activités quotidiennes, une hospitalisation plus courte, et donc un risque réduit d'infections nosocomiales ». En outre, grâce à des techniques d'imagerie optimisées, l'exposition aux rayonnements est également minimisée, tout comme les douleurs et complications post-opératoires. Du côté du système de santé, Dr Mrani précise que « la RI améliore l'efficacité globale en diminuant les durées d'hospitalisation et en augmentant la fréquence des procédures ambulatoires, ce qui contribue à une meilleure gestion des ressources ». De plus, l'intégration de technologies innovantes positionne les établissements marocains à la pointe de la modernité, attirant ainsi d'avantage de patients et renforçant l'accès à une médecine de qualité pour un plus large public. Un champ d'application en pleine expansion Dr Mrani est convaincu que « la radiologie interventionnelle (RI) s'impose comme une solution de premier plan dans la prise en charge des urgences et des pathologies cardiovasculaires ». Il explique qu'elle « joue un rôle crucial dans des situations telles que les embolisations pour stopper des hémorragies graves, ou encore dans le traitement des obstructions vasculaires et des anévrismes par angioplastie et pose de stents ». En neuroradiologie, les thrombectomies percutanées pour les AVC soulignent son impact vital. En oncologie, la RI offre des traitements innovants comme la chimio-embolisation, la radiofréquence ou la cryothérapie, permettant des approches personnalisées, curatives ou palliatives, tout en réduisant les effets secondaires. Au Maroc, Dr Alae Mrani Zentar relève que « cette discipline connaît un développement rapide : des structures comme Oncorad Group illustrent cet essor, avec une augmentation spectaculaire des interventions, passant de quelques dizaines en 2019 à plus de 3 000 en 2023, témoignant d'une adhésion croissante à ces techniques prometteuses ». Défis financiers « Malgré ses bénéfices médicaux et médico-économiques avérés, la radiologie interventionnelle (RI) est freinée par des problématiques de valorisation et de financement », déplore Dr Alae Mrani Zentar. Il affirme que « l'absence de remboursement spécifique pour les dispositifs coûteux, tels que les outils de thermo-ablation, les ballons actifs ou les matériels d'embolisation, limite leur diffusion ». Les négociations pour revaloriser ces actes sont compliquées par des enveloppes budgétaires figées, rendant difficile l'intégration de nouvelles techniques, comme la thrombectomie mécanique pour les AVC, pourtant validées scientifiquement. Ces contraintes freinent le développement de la RI, malgré son rôle clé dans la prise en charge rapide et efficace des patients, tout en réduisant les coûts indirects liés aux soins traditionnels. Un avenir prometteur La radiologie interventionnelle (RI) évolue à un rythme effréné, avec des avancées majeures dans plusieurs domaines. En pathologie cardiovasculaire, Dr Mrani prévoit que «près de 90 % des interventions pourraient devenir endovasculaires d'ici une décennie, grâce à la miniaturisation des dispositifs et leur adaptation anatomique ». L'oncologie se distingue par des approches personnalisées, combinant immunothérapie, biomarqueurs et techniques innovantes comme l'embolisation ciblée ou la virothérapie. Les progrès en imagerie, notamment sous IRM, et l'intégration de la robotisation renforcent la précision et la sécurité des gestes. Enfin, en orthopédie, des techniques comme la vertébroplastie ou l'ostéosynthèse percutanée ouvrent de nouvelles perspectives. « Ces innovations placent la RI au cœur de la médecine de demain, avec un rôle clé dans la personnalisation des traitements », conclut l'expert en radiologie interventionnelle, CEO de Vital Radiology, Oncorad Group.