Relations avec le Maroc, nouveau pouvoir, intégration africaine... Le dernier Premier ministre d'Ali Bongo se livre    La CAF annonce le report du CHAN à août 2025    L'Université de Birmingham garde fièrement le portrait de l'ambassadeur marocain ayant inspiré Shakespeare    Philip Morris Maghreb célèbre le Nouvel An Amazigh "Yd'Ennayer 2975"    Incendies à Los Angeles: Des pertes estimées à 30 milliards de dollars pour les assureurs    Revenus en monnaies étrangères : la DGI fixe le taux de change pour 2024    Le Maroc, destination touristique la plus prisée en Afrique (journal sud-africain)    Lekjaa : «Les plus pauvres perçoivent 14% des 15 MM DH d'aides au gaz butane»    Leila Benali : « Le monde a besoin d'adopter des pratiques minières durables »    Le ministre de la Justice présente ses priorités législatives pour 2025    Liban : Le juge international Nawaf Salam nommé Premier ministre    USA: Le président Biden annonce l'annulation d'environ 150.000 prêts étudiants    Canada: Les intempéries ont coûté plus de 8 milliards de dollars aux assureurs en 2024    Accusé de meurtre, profil du Franco-algérien arrêté à Marrakech via Interpol    (Diaporama) Algérie – Niger : des migrants violentés et expulsés en plein milieu du désert    Le Barça dénonce des « tentatives de déstabilisation » dans l'affaire Olmo et Victor    Golf: Rabat accueille le Trophée Hassan II et la Coupe Lalla Meryem du 3 au 8 février    Maroc : La FMEJ alerte sur les mesures de SAPRESS et la pérennité de la presse écrite    France: un pic épidémique de grippe attendu « d'ici une dizaine de jours »    Le ministre de la Justice présente un rapport sur la mise en œuvre de la Convention contre la torture    Algeria seeks to ease tensions with Turkey over Polisario-Kurdish meeting    Accused of murder : Who is the French-Algerian arrested in Marrakech via Interpol ?    Denmark : Polisario accuses Morocco of involvement in fire at NGO headquarters    Comment le Maroc peut tirer des leçons des incendies de Los Angeles    Fouzi Lekjaâ exclut toute hausse du prix du gaz butane et plaide pour une réforme ciblée des subventions    Real Madrid : Carlo Ancelotti pointé du doigt par plusieurs joueurs    Raja de Casablanca : Anas Zniti veut quitter le club    Le Raja de Casablanca doit débourser 1,4MDH pour lever l'interdiction de recrutement    Al Haouz : La reconstruction post-séisme se poursuit à un rythme soutenu    Réforme fiscale : 299 milliards de dirhams de recettes en 2024    Nouvel An Amazigh 2975: Akhannouch visite le Salon de l'artisanat d'Agadir Ida-Outanane    Les scandales du régime algérien se succèdent : des tentatives désespérées pour échapper à son implication dans le soutien aux mouvements séparatistes kurdes en Turquie et en Syrie    Chine-Russie: Les échanges commerciaux établissent un nouveau record en 2024    Terrorisme : le Trésor américain sanctionne un Marocain résidant en Allemagne    Les ventes de voitures électriques en hausse de 25% dans le monde en 2024    Transport maritime: Maersk choisit Tanger Med au lieu d'Algésiras pour sa desserte Asie-Amérique    Les dispositions de la loi relative aux peines alternatives seront mises en œuvre dans les délais de rigueur    La mise en oeuvre des peines alternatives prévue dans le délai légal (Ouahbi)    Code de procédure pénale : la restriction imposée aux associations pour déposer des plaintes en matière de corruption sera maintenue    Id Yennayer : Le vrai "Bonané" des Marocains !    Yennayer : Ces différences qu'il faut voir entre le Maroc et l'Algérie    Appel à Films: la 16e Edition du Festival Issni N'Ourgh International du Film Amazighe    « La terre et l'identité en fête » : un hymne à l'économie du savoir et de l'industrie culturelle    Le nouvel an amazigh : un symbole d'unité nationale et de diversité culturelle.    Golf: voici les dates de la 49ème édition du Trophée Hassan II et la 28ème édition de la Coupe Lalla Meryem    Yassine Adnan : Le Festival du livre anglais de Marrakech, une promotion du tourisme culturel    Akhannouch : "Le gouvernement engagé en faveur du renforcement de la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe "    CCAF/ Phase de poules: Récapitulatif avant la dernière journée    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Yennayer : Ces différences qu'il faut voir entre le Maroc et l'Algérie
Publié dans Challenge le 14 - 01 - 2025

Yennayer, le Nouvel An amazigh, est une célébration ancestrale profondément ancrée dans les cultures d'Afrique du Nord. Bien que cette fête soit partagée par le Maroc et l'Algérie, elle illustre des contrastes marqués dans la manière dont ces deux nations abordent la question amazighe, que ce soit sur le plan historique, politique, idéologique, culturel ou social.
Au Maroc, Yennayer s'inscrit dans une dynamique de valorisation culturelle et d'unité nationale. Reconnu officiellement comme jour férié national en 2023, ce Nouvel An amazigh reflète la vision royale d'une nation qui considère la diversité comme un socle d'enrichissement mutuel et de cohésion.
Historiquement, le Maroc a su intégrer la dimension amazighe comme une composante naturelle de son identité. Le processus d'officialisation de la langue amazighe en 2011, suivi par l'inclusion de Yennayer dans les festivités nationales, témoigne de cette approche inclusive. Le pouvoir royal, instance légitime et centralisatrice, représente toutes les sensibilités culturelles et régionales du Royaume, ce qui permet de tisser un pacte d'unité transcendant les différences ethniques et linguistiques.
Dans les régions amazighophones comme dans les régions arabophones, Yennayer est célébré avec ferveur. Souvent associé à des pratiques agricoles et des festivités locales, il transcende les distinctions régionales, renforçant ainsi le sentiment d'appartenance commune. Cette fête symbolise l'attachement des Marocains à leur patrimoine culturel tout en mettant en lumière la contribution amazighe à l'histoire du pays.
Une fête au carrefour des tensions identitaires et politiques
En Algérie, Yennayer est bien plus qu'une célébration culturelle ; il constitue un véritable enjeu politique et identitaire. Sa reconnaissance officielle en 2018 comme jour férié national est perçue comme une concession face aux revendications berbéristes, en particulier en Kabylie. Contrairement au Maroc, où la diversité amazighe est intégrée dans la construction nationale, l'Algérie a longtemps adopté une approche méfiante et centralisatrice vis-à-vis de cette question.
Lire aussi | Pourquoi l'adoption du tifinagh a sacrifié une génération de Marocains
Depuis l'indépendance en 1962, le régime algérien, dominé par une idéologie islamo-baâthiste, a cherché à uniformiser l'identité nationale autour d'un modèle arabo-islamique. Cela a conduit à la marginalisation des expressions culturelles amazighes, perçues comme une menace pour l'unité nationale. Cette méfiance a été exacerbée par les tensions historiques, notamment l'éviction, l'incarcération, voire l'assassinat des figures kabyles de la lutte pour l'indépendance, telles que Hocine Aït Ahmed, Abane Ramdane et Krim Belkacem, et la répression des revendications culturelles.
En Kabylie, Yennayer est devenu un symbole de résistance face à un pouvoir centralisé souvent perçu comme oppressif. Cette région, qui a historiquement porté la revendication amazighe, voit dans cette fête une occasion de réaffirmer son identité face à un Etat qui a longtemps nié ses spécificités culturelles.
Deux conceptions du pouvoir et de l'identité nationale
L'une des principales différences entre le Maroc et l'Algérie réside dans leur conception du pouvoir et leur gestion de la diversité culturelle. Au Maroc, la monarchie un pivot légitime, garantissant un équilibre entre les diverses composantes identitaires. Ce rôle unificateur est renforcé par un pacte politique et religieux séculaire, qui assure une continuité institutionnelle et une stabilité rare dans la région.
Lire aussi | Voici les jours fériés au Maroc en 2025
En Algérie, en revanche, le pouvoir repose sur l'Armée nationale populaire (ANP), qui exerce une domination autoritaire et centralisatrice. Ce modèle, décrié pour son jacobinisme rigide, rejette la décentralisation et perçoit la diversité régionale comme une menace pour l'unité nationale. Cette méfiance explique pourquoi l'ANP concentre une grande partie de ses efforts sur le contrôle interne, notamment dans les régions amazighophones comme la Kabylie.
Symbole de cohésion ou revendication de résistance ?
Au Maroc, Yennayer illustre l'unité à travers la diversité. La fête est l'occasion de célébrer une identité commune enrichie par les multiples cultures qui composent le Royaume. Cette approche proactive valorise la dimension amazighe comme un pilier de la cohésion nationale, renforçant l'attachement des citoyens à leur patrimoine partagé.
En Algérie, Yennayer porte une charge revendicative. La marginalisation historique de la culture amazighe par le régime a conduit une partie de la population à se replier sur son identité régionale. En Kabylie, notamment, la fête est devenue un acte de résistance culturelle face à un Etat perçu comme déconnecté et oppressif.
Les contrastes saisissants de Yennayer en 2975
Le peuple marocain célèbre Yennayer comme une fête culturelle et nationale, intégrée dans un cadre institutionnel inclusif. La monarchie agit comme un pont entre les différentes composantes de la société, transformant la diversité en richesse.
Le peuple algérien, divisé par des luttes identitaires, voit en Yennayer une occasion de revendiquer une reconnaissance culturelle et politique. Le pouvoir central, en crise de légitimité, continue de voir la diversité comme une menace.
Lire aussi | Enseignement primaire : généralisation progressive de l'amazighe
Au Maroc, la dimension amazighe est portée par une diversité d'acteurs, transcendant les clivages ethniques ou politiques. En Algérie, elle reste concentrée dans la région de la Kabylie, alimentant des tensions avec un pouvoir central méfiant qui redoute le séparatisme kabyle sous l'impulsion du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie – MAK.
Une célébration aux significations divergentes
Yennayer, fête millénaire, met en lumière des contrastes profonds dans la manière dont Le Maroc et l'Algérie gèrent leurs diversités culturelles. Alors que le Maroc voit en cette célébration une opportunité de valoriser la richesse par les différences et la diversité, le pouvoir algérien la perçoit comme un défi identitaire à contenir.
Cette opposition illustre l'impact des institutions sur la gestion des questions identitaires : un pouvoir inclusif peut transformer la diversité en atout, tandis qu'un pouvoir autoritaire risque de la cristalliser en division. En cette année 2975 du calendrier amazigh, ces contrastes continuent de façonner les perceptions et les politiques autour de Yennayer, reflet des trajectoires historiques distinctes du Maroc et de l'Algérie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.