A quelques jours de l'examen du rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur le Sahara, Human Rights Watch attire l'attention sur le cas de trois détenus sahraouis au Maroc. Pour l'ONG de défense des droits humains, il est grand temps que la justice marocaine donne son verdict dans le procès de Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et d'Ahmed Naciri, accusés d' «atteinte à la sécurité intérieure» du royaume et emprisonnés depuis 18 mois. Human Rights Watch (HRW) reste préoccupée par le sort de Tamek et de ses co-détenus sahraouis. Le tribunal jugeant les militants sahraouis «devrait, sans aucun report arbitraire supplémentaire, émettre un verdict qui fournisse de façon adéquate les preuves et le raisonnement qui le motivent», déclare Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'ONG basée à new York. HRW se dit même perplexe sur le motif réel de l'emprisonnement de la bande à Tamek : «les ajournements de procès et les preuves limitées font redouter que les poursuites aient un motif politique». Sarah Leah Whitson va plus loin en parlant de «minces preuves rassemblées par l'accusation» et appelle à ce que «le tribunal délivre rapidement un verdict juste et bien raisonné, qui ne pénalise pas l'activité politique pacifique». Dans ce procès, sept personnes, dont une femme, sont mises en cause. Quatre ont bénéficié de la liberté provisoire, contrairement à Ali Salem Tamek, vice-président du Collectif des défenseurs des droits de l'homme sahraouis (CODESA), Brahim Dahane, président de l'Association sahraouie des victimes de violations graves des droits humains (ASVDH) et d'Ahmed Naciri, vice-président du Comité pour la défense des droits humains, basé à Smara. Ces militants ont été arrêtés par la police, le 8 octobre 2009, à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, alors qu'ils revenaient des camps de Tindouf en Algérie. Le Maroc les a d'abord accusés d'avoir «porté atteinte à la sécurité extérieure» du pays devant un tribunal militaire, avant d'alléger les charges retenus contre eux, les accusant d'«atteinte à la sécurité intérieure», devant un tribunal civil cette fois (tribunal de première instance d'Aïn Sebaâ). Pour l'accusation, les détenus auraient reçu des sommes d'argent pour «des fins illégales». Les militants des droits de l'homme sahraouis parlent, eux, de «raisons humanitaires et strictement de droits humains». Depuis, l'ouverture du procès, le 15 octobre 2009, soit un peu plus d'un an après leur arrestation, l'affaire traine toujours, au rythme d'incessants reports. Lors de la dernière comparution des détenus devant le juge, le 28 mars, aucune nouvelle date n'a été annoncée pour le verdict.