Après la tentative d'appropriation du Caftan Ntaa de Fès par l'Algérie, le Maroc a présenté son dossier complet sur le caftan marocain au niveau de l'UNESCO, retraçant toutes ses spécificités afin de protéger ce patrimoine immatériel culturel qui fait la fierté des Marocains depuis des siècles. Le site de l'UNESCO a partagé les éléments du dossier marocain qui comporte une liste de documents incluant des images, un film vidéo de 7 minutes 47′ pour expliquer la tradition du caftan marocain, et comment il se transmet d'une génération à une autre, perpétuant une longue histoire et un pan important de la culture marocaine. Cet habit traditionnel, devenu symbole de l'artisanat et du savoir-faire millénaire marocain à travers le monde, fait l'objet d'émerveillement devant la complexité, la beauté, et le travail minutieux des petites mains qui le fabriquent. Le Maroc a présenté son dossier « Art, tradition et savoir-faire du caftan marocain » pour une possible inscription en 2025, lors d'une réunion annuelle prévue dans les prochains mois. Les éléments du dossier consulté par Hespress FR, indiquent que le Maroc préparait sa demande depuis 2021 où des contacts ont été pris avec les communautés concernées par la création et la perpétuation du Caftan marocain. « Le département de la Culture, en concertation avec le département de l'artisanat, a entrepris des échanges avec les chercheurs spécialistes en patrimoine culturel immatériel, ainsi qu'avec les praticiens et praticiennes, en 2021 et 2022, en veillant à solliciter la contribution des représentants de tous les domaines liés à la réalisation du Caftan dans diverses villes du Maroc : Fès, Rabat, Marrakech, Meknès, Azemmour, Tanger, Tétouan, Casablanca », indique le document. Et d'ajouter que ces réunions ont donné aux différents acteurs la possibilité d'aborder la question de la candidature, saisir ses modalités, et surtout prendre en conscience son importance pour le rayonnement et la mise en valeur du caftan. Un savoir-faire ancestral ancré dans toutes les régions du Royaume Inscrits sur la liste de l' »Intangible Cultural Heritage » connu sous le sigle ICH de l'UNESCO, les éléments du dossier du Caftan marocain sont accompagnés de déclarations de consentement de créateurs marocains de caftans et tenues traditionnelles marocaines. Les déclarations des créateurs de caftans marocains, de plusieurs villes marocaines, dont Rabat, Fès et Tétouan, ont tous donné leur accord manuscrit en français et en arabe, en 2023. Les déclarations de ces créateurs font partie des éléments demandés par l'UNESCO dans le cadre du « consentement des communautés ». Le dossier marocain contient par ailleurs une fiche d'inventaire du patrimoine culturel immatériel indiquant que le nom localement utilisé est le « caftan », écrit également phonétiquement. Le Caftan y est décrit comme étant « un costume confectionné et porté par les marocains, dans des territoires géographiques différents, citadins et ruraux », ajoutant que les savoir-faire associés à sa création sont répandus dans la totalité des régions du Maroc, notant qu'on retrouve des ateliers d'artisans et artisanes dans toutes les villes. Il est précisé que les recherches historiques et permettent de déterminer cinq écoles traditionnelles de production : Oujda, Tétouan, Fès, Rabat-Salé, et Marrakech. Le Caftan, qaftàn, porté aussi bien par les hommes que les femmes, « est une tenue traditionnelle marocaine qui puise ses racines dans une longue histoire de traditions vestimentaires enrichies par divers apports. Il est le reflet d'un brassage culturel qui n'a pas cessé d'évoluer depuis l'époque médiévale jusqu'à nos jours », indique le dossier descriptif, notant que les Marocains d'origine arabe, amazigh, musulmans et juifs ont porté et continuent de porter cet habit traditionnel. La description se penche également sur la coupe, la longueur des manches, les tissus utilisés, les couleurs, les pierres et passementeries, les boutons etc., afin qu'il soit le mieux décrit et référencé de sorte à éviter toute tentative d'appropriation culturelle. « Il est le fruit d'une synthèse ornementale composée, entre autres, d'une passementerie faite en fils de soie, d'une broderie en fils de soie ou en fils d'or, et de décors en perles et paillettes exécutées à la main. Les détenteurs et détentrices de savoir-faire, en l'occurrence, tisserands de brocard, artisans-tailleurs, confectionneurs de passementerie et de boutons, brodeuses et apprentis, rivalisent pour créer un caftan richement décoré et qui varie d'une région à l'autre », souligne la description. Il est précisé en outre, qu'il est porté pour différentes occasions et que l'ornementation et le style est créé pour chaque genre et âge. « La fréquence de la présence de l'ornementation ou de la broderie dépend également de l'occasion pour laquelle on porte le caftan. Les caftans des mariages sont souvent plus majestueux » indiquent les données de l'inventaire présenté. Une reconnaissance attendue face aux tentatives d'appropriation culturelle Le dossier d'inscription du Caftan, notent les auteurs, vise entre autres, à « mettre en valeur les artisans détenteurs des savoir-faire traditionnels et les aider à garantir une transmission efficace en encourageant l'accompagnement par renseignement ». Ce dossier d'inscription arrive à point nommé et, lorsque son inscription sera validée, devrait apaiser les esprits des millions de Marocains qui ont vu les tentatives algériennes de s'approprier ce bien immatériel et culturel qui illustre l'Histoire du Maroc depuis des siècles. Jusqu'à l'élection du président algérien actuel, Abdelmadjid Tebboune, qui voue une inimitié flagrante vis à vis du Maroc, l'Algérie n'avait jamais réclamé la paternité du caftan marocain, et des documents audiovisuels et des témoignages d'Algériens, dont des professionnels en la matière, soulignaient sans équivoque que le caftan est incontestablement marocain. Mais depuis 2023, date à laquelle l'Algérie a introduit l'image d'un Caftan marocain dans son dossier pour l'inscription des tenues telles que la Gandoura et la Melehfa de l'Est du pays, le Maroc a réagi pour protéger son patrimoine. A noter que le Maroc a dû attendre deux ans pour pouvoir présenter le dossier du Caftan marocain étant donné que chaque pays n'a le droit de demander l'inscription que d'un seul élément de son patrimoine culturel immatériel tous les deux ans et l'année 2023, a été consacrée au dossier du Melhoun.