Le bilan de la situation des droits de l'homme au Maroc reste, selon l'organisation Human Rights Watch, mitigé : une société civile dynamique, une liberté de la presse en recul et un blocage persistant sur certaines réformes. HRW (Human Rights Watch) a fait un bilan mitigé de la situation des droits de l'homme au Maroc en 2010, à l'occasion de la publication de son Rapport mondial. Le 21e examen annuel des pratiques en matière de droits humains dans le monde, publié lundi, a consacré un chapitre au Maroc et au Sahara. Tout les volets touchant aux droits de l'homme et à la liberté d'expression au Maroc ont été examinés : «Le Maroc peut se targuer d'une société civile très dynamique, qui jouit de la liberté d'expression sur de nombreux sujets, mais le processus de réforme est globalement bloqué, notamment sur la question de l'indépendance de la justice», a observé Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. Selon HRW, des agents en civil ont régulièrement pratiqué des arrestations dans le cadre de la loi anti-terroriste, sans s'être identifiés. Les personnes arrêtées ont été emmenées dans des lieux de détention secrets, interrogées avec brutalité, et forcées à signer des aveux qu'on les avait souvent empêchées de lire. De plus, une cour d'appel a confirmé le verdict de culpabilité pour les 35 accusés du procès de 2008 connu sous le nom d'affaire Bellirej, parmi lesquels six personnalités politiques dont les liens avec le présumé complot terroriste semblaient particulièrement douteux. Dans son Rapport mondial 2011, Human Rights Watch a cité les cas particuliers de personnes toujours en prison en 2010 pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions comme celui de Chakib El Khiyari, président de l'Association des droits de l'homme dans le Rif. HRW revient aussi sur le cas de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, qui a été emprisonné par le Polisario après qu'il a exprimé publiquement son soutien à la proposition du Maroc d'accorder l'autonomie au Sahara. Le Polisario a fini par libérer Mustapha Salma, mais seulement après l'avoir retenu prisonnier pendant des semaines, a noté HRW. L'ONG revient aussi sur les événements de Laâyoune et du procès du groupe Tamek. La liberté de la presse a également reculé durant l'année 2010 pour l'ONG, au cours de laquelle le Maroc a refusé d'accréditer plusieurs journalistes travaillant pour les médias étrangers, en suspendant les activités d'Al Jazeera dans le pays arguant qu'elles nuisaient aux «intérêts supérieurs» de l'Etat.