En 2010, «la situation des droits humains au Maroc et au Sahara occidental était mitigé, voire médiocre à certains égards». Ce constat est de Human Rights Watch (HRW) qui vient de publier son rapport 2011 sur le respect des droits de l'homme dans le monde. Une justice complaisante, l'excès de zèle dans la lutte antiterroriste et le harcèlement dont la presse fait l'objet constituent autant de zones d'ombre qui ternissent l'image du Royaume auprès des défenseurs des droits humains comme HRW. Son 21e rapport annuel a été publié ce lundi (24 janvier) et s'attarde sur ces points. Pour Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, «le Maroc peut se targuer d'une société civile très dynamique, qui jouit de la liberté d'expression sur de nombreux sujets, mais le processus de réforme est globalement bloqué». Selon HRW, les représentants du gouvernement «empêchent arbitrairement la légalisation de certaines organisations, nuisant à leur liberté d'action». Des procès inéquitables En ce qui concerne la justice, «les tribunaux tiennent rarement des procès équitables» constate l'ONG fondée en 1978. Le procès du réseau de Belliraj est notamment cité en exemple avec la condamnation de 35 accusés pour différents chefs d'accusations incluant la constitution d'un réseau terroriste. HRW ne comprend pas le refus de la Cour d'appel de Rabat d'enquêter sur des allégations de tortures, de détention dans des prisons secrètes, et de falsification d'aveux portées par les accusés. L'emprisonnement du militant des droits de l'homme Chakib El Khiyari, est également classé dans cette catégorie de procès inéquitables. Torture à Témara ? Human Rights Watch s'inquiète aussi des enlèvements, par des agents en civil, d'individus suspectés de terrorisme. Selon l'organisation internationale, même si le gouvernement nie ces pratiques, des témoignages de détenus prouvent le contraire. Ces derniers affirment avoir été appréhendés sans mandat d'arrestation. Les yeux bandés, ils ont été amenés dans un lieu secret qu'ils croient être le centre de Témara où ils ont été détenus et interrogés pendant plusieurs jours. La plupart des détenus, selon HRW, affirme avoir été torturée. Sans parler des prisons secrètes de la CIA dont le Maroc continue de nier l'existence. Liberté de la presse… en recul Quant aux médias, HRW constate qu'ils «font l'objet de poursuites et de harcèlement quand ils franchissent certaines limites». Non sans se désoler de la fermeture pour des «raisons financières» des hebdomadaires Nichane et Le Journal et du quotidien Al-Jarida al-Oula. Ce qui réduit le «cercle des médias d'information indépendants et de qualité». De même que la suspension, le 29 octobre 2010, des activités d'Al Jazeera au Maroc. Le Polisario aussi ! HRW revient également sur les événements de Laâyoune. Mais, ce rapport a été rédigé avant la fin de son enquête sur le démantèlement du camp de Gdeim Izik. Cette enquête, publiée le vendredi 26 novembre 2010 dénonçait des abus sur des Sahraouis arrêtés par les forces de l'ordre marocaines. Le procès du groupe Tamek est aussi évoqué dans ce rapport. Last but not least, les violations des droits de l'Homme commises par le Polisario ne sont pas passées inaperçues. L'arrestation de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud par le front indépendantiste a également été répertoriée par Human Rights Watch. L'ONG précise que jusqu'au moment de la rédaction de son rapport, l'ex inspecteur du mouvement séparatiste était toujours sous le contrôle du Polisario. A noter qu'il a finalement été libéré le 30 novembre dernier après 71 jours de détention.