Une fois n'est pas coutume, le Maroc n'est plus sur la défensive face à l'Algérie. Au siège des Nations Unies et en riposte à des déclarations d'un diplomate algérien sur le Sahara, le n°2 de la représentation du Royaume à New York a choisi l'offensive, réclamant le droit du peuple kabyle à l'autodétermination. Le ton monte d'un cran entre les délégations marocaine et algérienne à New York. La commémoration du 70ème anniversaire de la création des Nations Unies a tourné à l'affrontement direct entre les deux parties alors que les circonstances ne s'y prêtaient guère. Et c'est la réaction du représentant permanent adjoint, Abderrazzak Laassel, qui a créé la surprise. En réponse à des propos d'un officiel du voisin de l'Est sur le différend territorial du Sahara occidental, le diplomate marocain a soulevé le dossier kabyle. Le Maroc se fait l'avocat des Kabyles à l'ONU Le n°2 de la représentation du Maroc a expliqué que «l'un des plus anciens peuples de l'Afrique continue d'être privé de son droit à l'autodétermination», soulignant qu'il est «regrettable que les aspirations légitimes du peuple autochtone de la Kabylie soient toujours bafouées au 21ème siècle. Ses droits humains sont violés au quotidien, ses représentants légitimes sont persécutés et ses leaders sont pourchassés, y compris quand ils sont en exil». Poursuivant son plaidoyer, Abderrazzak Laassel a rappelé que le peuple kabyle est «fort de huit millions de personnes» et «vieux de 9 mille ans» et a droit à l' «autonomie» et à «la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique», conformément aux chapitres 1, 2, 3 et 4 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (adoptée le 13 septembre 2007 par l'Assemblée générale, ndlr). Est-ce la fin du soutien discret du Royaume aux Kabyles ? Les propos de Laassel sont une première dans l'histoire des confrontations entre les deux pays sur la scène internationale. Et pour cause, jamais auparavant un diplomate marocain n'avait soulevé aussi fort les revendications autonomistes des mouvements kabyles et de surcroît au siège des Nations Unies. Une ligne de conduite qui tranche avec le soutien discret observé jusque là par le Maroc aux amazighs algériens, que ce soit avec le MAK (Mouvement d'autonomie de la Kabylie) de Ferhat Mehenni ou le Mouvement pour l'autonomie de la vallée de M'Zab dirigé par Kamal Fekhar, condamné le lundi 27 octobre à un an de prison ferme par le tribunal de Ghardaïa pour ses opinions politiques en faveur des Mozabites.