Les ONG amazighes au Maroc suivent de très près ce qui se passe à Ghardaïa. Des manifestations à Agadir et Casablanca sont programmées pour samedi soir. En revanche la date du sit-in prévu devant l'ambassade algérienne à Rabat n'a pas encore été fixée. La Fédération nationale des associations amazighes au Maroc exprime sa solidarité avec les Mozabites d'Algérie. L'ONG, créée en 2014, dénonce dans un communiqué une «extermination collective» de la communauté berbère de Ghardaïa. Une position en phase avec le constat du Gouvernement provisoire kabyle en exil présidé par le chanteur Ferhat Mehenni, qui parle de «massacre du peuple amazigh du Mzab». Les affrontements de cette semaine entre les communautés arabe et amazighe ont fait une vingtaine de victimes dont une majorité dans les rangs des berbérophones. L'association marocaine profite de cette escalade pour réclamer des Nations unies, la nomination d'un émissaire spécial pour les amazighs d'Afrique nord. Mercredi, quelque heures avant son arrestation dans une mosquée par les forces publiques, le militant algérien Kameleddine Fekhar qui dirige un mouvement autonomiste a demandé à Ban Ki-moon de placer la vallée de M'Zab sous protection internationale. Des sit-in à Agadir et Casablanca La Fédération pointe du doigt le «silence des Etats maghrébins» face aux graves incidents qui secouent la capitale de la région de M'Zab. Nous sommes loin des propos tenus en mars 2014, au Conseil des droits de l'Homme, par l'ancien représentant du royaume auprès de l'ONU à Genève affirmant que Ghardaïa «ressemble davantage à un champ de bataille avec ses maisons brûlées, ses magasins pillés, ses habitants pourchassés et ses composantes socioreligieuses instrumentalisées». L'ONG s'interroge également sur les raisons qui empêchent des partis politiques et des associations marocaines de dénoncer publiquement le recours excessif à la force par le pouvoir algérien contre les amazighs. Force est de constater que sur cette question la mobilisation de certaines organisations habituées à battre le pavé pour exprimer leur solidarité avec les autres peuples est plutôt timide. Une tendance qui devrait se confirmer demain soir vers 23 heures à Agadir et Casablanca, où deux sit-in de solidarité avec les mozabites de Ghardaïa sont prévus, nous confie une source amazighe. Mais déjà, le niveau d'adhésion de certaines forces de gauche suscite des inquiétudes chez les organisateurs. Dans des déclarations à Yabiladi, Youssef Laârej du Réseau amazigh pour la citoyenneté (Azetta) annonce, quant à lui, l'organisation d'un sit-in devant l'ambassade algérienne à Rabat. «Sa date n'est pas encore fixée mais les négociations pour sa tenue sont à un stade avancé», nous a-t-il affirmé.