Pour Ennahar TV le rôle du Maroc dans les troubles de Ghardaïa est «évident». La chaîne prend le relai de certains politiques algériens pour accuser directement le Palais royal d'être derrière les affrontements de Ghardaïa entre amazighs et arabes. En Algérie, les doigts accusateurs concernant les émeutes entre amazighs et arabes à Ghardaïa sont de plus en plus nombreux en direction du Maroc. Il ne manque plus que l'accusation officielle du pouvoir, mais ça ne saurait tarder compte tenu du climat de tensions entre les deux pays. En attendant, la machine est déjà en marche et les rôles sont répartis. Il y a une semaine, le quotidien Echourouk faisait état d'un "rapport" qui pointait du doigt la responsabilité du royaume et maintenant c'est au tour d'Ennahar TV de relayer le même message tout en veillant à ajouter sa propre touche. La chaîne accuse le roi Mohammed VI Ennahar se veut catégorique sur l'«implication» du Maroc et plus particulièrement du roi dans les affrontements à Ghardaïa entre amazighs et arabes. Citant les résultats d'une enquête, menée par des services de sécurité, la chaîne avance que le palais par le biais d'«un conseiller royal chargé de questions culturelles» et Ahmed Assid, membre de l'IRCAM, aurait financé la création du Mouvement pour l'autonomie de la vallée de M'Zab dirigé par Kamal Fekhar et promis d'apporter un soutien logistique au MAM dans les instances internationales. Les médias proches du pouvoir algérien sont unanimes pour accuser l'association et son président de soutenir les revendications des jeunes amazighs. Du déjà vu Le timing de la diffusion de ces nouvelles «révélations» n'est pas fortuit. Il intervient trois jours après la tenue, le samedi 30 août à Tizi-Ouzou, d'une grande marche du Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK), le Mouvement pour l'Autonomie du peuple Chaoui et le Mouvement pour l'Autonomie du peuple Mozabite (MAM). Trois entités foncièrement opposées à la politique menée, depuis l'indépendance du pays, par le pouvoir dans les régions amazighes. Cette ligne de conduite accusant le Maroc d'être derrière toutes les formes de contestations des berbères ne constitue guère une surprise. Bien avant Kamal Fekhar, il y a eu Ferhat Mhenni, le président du MAK. Le chanteur kabyle était la cible d'attaques personnelles sur ses liens présumés avec le Palais royal et Israël. En 2011, des média algériens répétaient, déjà tous en chœur, la même rengaine sur un soutien financier de Rabat au MAK. Trois ans plus tard c'est donc au tour du Mouvement pour l'autonomie de M'Zab de subir les mêmes attaques. Hier, un tribunal de Ghardaïa a condamné un jeune amazigh à deux ans de prison pour avoir filmé et diffusé sur le net une vidéo montrant des policiers algériens entrain de piller des maisons. Une information boudée par Ennahar TV.