Pour ceux qui s'interrogent encore sur le degré de respect des Droits de l'homme en Algérie, le visionnage, déconseillé aux cardiaques et aux âmes sensibles, d'une vidéo posté sur You Tube, détaillant l'assassinat, le 5 février dernier, d'un jeune mozabite par une horde de barbares à Ghardaïa, serait plus qu'instructive. Sinon, définitivement convaincante. On y voit un jeune étudiant de 22 ans, Azzeddine Baba Ousmaïl, conduit par une bande de sauvages vers le haut d'un monticule pour y être exécuté. Certains de ses agresseurs avaient le visage couvert, d'autres même pas, dont celui qui a porté le premier coup de couteau, assené dans le dos. Même très nombreux, c'est par derrière que les lâches poignardent. C'était la troisième victime de la guerre déclarée entre les communautés amazigh mozabite, d'obédience religieuse ibadite, et arabe chaâmba, d'obédience sunnite malékite. A la haine ethnique est venue s'ajouter l'intolérance religieuse, pour constituer le plus explosif des cocktails. La quatrième victime, un corps retrouvé sans vie aux alentours des lieux où se sont déroulés des affrontements entre les deux communautés, n'a pas été identifié, car tragiquement défiguré. Son meurtre s'est déroulé le jour même où le ministre de l'Intérieur, accompagné du chef de la police et de la Gendarmerie nationale, étaient en visite à Ghardaïa ! «Ce qui se passe à Ghardaïa est une catastrophe avec plusieurs facettes», déclare le Dr. Kamel Eddine Fekhar, responsable du bureau de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme à Ghardaïa. «La première est que c'est une guerre menée par le pouvoir avec toutes ses capacités contre une partie de la population algérienne que sont les Mozabites... Ce qui est frappant c'est surtout la complicité flagrante des policiers avec ces bandes d'agresseurs. Pour moi, l'Etat manipule ces groupes comme des milices, des mercenaires pour on ne sait quelle fin». La propension psychopathe des autorités algériennes à faire usage de milices et de mercenaires pour semer le chaos, les Marocains en savent quelque chose... Pour avoir osé, à plusieurs reprises, dénoncer les abus du régime des caporaux, le Dr. Kamel Eddine Fekhar, militant des Droits de l'homme qui a déjà écopé d'un an de prison, a été désigné à la vindicte publique par la chaîne de télévision parapublique Ennahar. Si l'intimidation par l'embastillement ne suffit pas à imposer le silence, c'est à l'appel au meurtre pour celui qui ne mâche pas ses mots. «A Ghardaïa», déclare t-il dans un entretien publié par le site d'information en ligne «Maghreb émergent», «c'est encore une fois l'impunité et la complicité qui encourage toute cette violence... C'est de l'apartheid et du racisme d'Etat !» Les événements, de plus en plus dramatiques, de Ghardaïa ? C'est, selon le journal algérien «Le Jeune Indépendant», la faute à cinq agents du Mossad infiltrés en Algérie ! C'est, comme l'a titré pertinemment Algérie Focus, la faute aux Romains, aux Byzantins, aux Arabes, aux Turcs et aux Français mais jamais à l'Algérien... Ce sont peut être également des agents du Mossad qui ont fait disparaître du Net le dit journal «Le Jeune Indépendant», celui-là même qui, il y a quelques jours, se faisant la voix de son maître Toufik, le patron de la DRS, publiait un article ordurier contre le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Sauf que c'est le clan Bouteflika qui a envoyé le Général Toufik, ainsi que 100 autres officiers de l'ANP à la retraite et pas le Mossad. Si les habitants de Ghardaïa savaient la férocité des affrontements qui opposent les clans au pouvoir à Alger, ils se plaindraient sûrement moins de leur triste sort.