Les manœuvres diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie ressemblent de plus en plus à une partie d'échecs. Après que la délégation algérienne eut évoqué la question du Sahara devant l'Assemblée générale de l'ONU alors qu'elle n'est pas inscrite à l'ordre du jour, le Maroc a riposté en appelant les Nations Unies et ses différentes instances à insérer la protection et la promotion des droits des Kabyles dans leurs agendas respectifs. «La communauté internationale doit faire émerger les voix de plus de huit millions de Kabyles trop longtemps maintenus dans le silence et dans l'invisibilité. C'est ainsi que s'effondrera le mur de l'intolérance à leur égard et du déni de leurs aspirations légitimes», a affirmé Omar Rabi, conseiller à la mission du Maroc à New York, qui a souligné que les Nations Unies ne doivent pas devenir complices «du silence qui est imposé par la violence à ce peuple martyr». Déjà, la semaine dernière, les célébrations du 70ème anniversaire de l'ONU s'étaient transformées en un affrontement entre les délégations marocaine et algérienne. Après des déclarations des diplomates algériens sur la question du Sahara, le numéro deux de la représentation marocaine à l'ONU, Abderrazzak Laassel, a, dans une démarche surprenante, déclaré qu'il est «regrettable d'entendre certains s'élever à l'occasion de cette célébration pour demander l'application de tel ou tel droit, alors qu'ils privent leur population de ces mêmes droits». Abderrazzak Laassel avait ainsi saisi l'occasion pour interpeller les instances des Nations Unies, les appelant à réparer «l'injustice historique dont sont victimes les Kabyles». C'est donc dans le sillage de cet incident que Omar Rabi a, pour sa part, plaidé pour le droit à l'autodétermination des Kabyles lors de la 3ème commission de l'assemblée générale de l'ONU. Le diplomate marocain a évoqué l'article 4 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée le 13 septembre 2007 par l'Assemblée générale. Celui-ci stipule que «les peuples autochtones, dans l'exercice de leur droit à l'autodétermination, ont le droit d'être autonomes et de s'administrer eux-mêmes pour tout ce qui touche à leurs affaires intérieures et locales, ainsi que de disposer des moyens de financer leurs activités autonomes». Omar Rabi a également fait allusion à des rapports d'ONG locales et internationales, dont Human Rights Watch, qui évoquent la répression violente que subissent les manifestations de Kabyles. «Des marches pacifiques organisées en Kabylie par plusieurs associations pour la commémoration du 34ème anniversaire du Printemps berbère, ont été réprimées dans le sang par les services de sécurité», a-t-il déclaré. Il faut dire que ces déclarations de la partie marocaine marquent une nouvelle étape dans le traitement du différend diplomatique avec le voisin de l'Est. En effet, jamais la question de l'autodétermination des Kabyles n'avait été aussi explicitement portée par la diplomatie marocaine.