Il y a quatre ans jour pour jour, des représentants de l'Etat marocain signaient avec des délégués des détenus salafistes un accord, prévoyant de libérer une bonne partie de prisonniers condamnés pour terrorisme. Aujourd'hui, les salafistes manifestent pour dénoncer la non-application de l'accord. Ce matin à Rabat, la pluie n'a pas empêché une centaine de salafistes, venant des quatre coins du Maroc, d'observer un sit-in devant le siège du ministère de la Justice et des Libertés. Ils protestaient, ainsi, contre le refus du gouvernement marocain d'honorer l'accord du 25 mars 2011. Celui-ci prévoyait une libération progressive des prisonniers salafistes. L'accord avait été conclu entre des membres du collectif de défense des détenus islamistes et des représentants de l'Etat marocain, à savoir Mohamed Sebbar, le secrétaire général du CNDH, Hafid Benhachem, l'ancien Haut-délégué de l'administration pénitentiaire et Mohamed Lididi, ex-secrétaire général du département de la Justice. Mustapha Ramid, aux moments des faits, était très investi sur ce dossier. Il avait même était témoin dudit accord en tant que président du Forum Al Karama et avocat des salafistes. Quatre ans plus tard, le nombre des libérés est très faible Le 14 avril 2011, une grâce royale avait permis à 91 islamistes, dont une majorité accusée pour une implication, directe ou indirecte, dans les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, de retrouver la liberté. En février 2012, trois chioukhs appartenant à la mouvance salafiste, Hassan Kettani, Abdelouahhab Rafiki et Omar Haddouchi, ont bénéficié de la même mesure. A partir de là, plus aucune libération anticipée n'a été accordée. L'arrivée d'un gouvernement dirigé le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane n'a eu aucun effet sur la suite de ce dossier. On aurait pu d'ailleurs s'attendre avec la nomination de Mustapha Ramid au département de la Justice que les choses s'accélèrent en faveur des détenus islamistes. Mais cela a semble-t-il eu l'effet contraire. Après quelques réunions avec les proches des détenus, le fil du dialogue s'est brutalement interrompu. Et il en est de même pour la lune de miel entre les PJD et les salafistes. Depuis, ces derniers ont tenté de solliciter d'autres médiateurs. Ils ont même approché Fouad Ali El Himma, le conseiller royal, mais sans réel succès. Méfiance Force est de constater que les représentants de l'Etat marocain ne font guère confiance aux détenus islamistes. Le fait que d'anciens prisonniers, une fois libérés, aient choisi de rallier l'organisation de l' «Etat islamique» ne joue pas en faveur de la cause de la libération des salafistes. Mais tout peut changer dans les mois à venir. On pourrait même s'attendre à une embellie si l'on considère la tolérance dont font preuve les autorités vis-à-vis des activités d'associations proches de cette mouvance islamiste. Celles-ci ont profité de la publication de nouvelles caricatures du Prophète Sidna Mohamed par le magazine Charlie Hebdo pour organiser des sit-in de protestation dans les grandes villes du royaume. Et ces protestations ont bien entendu été organisées avec la bénédiction des représentants de l'Administration territoriale.