Les proches des détenus islamistes annoncent qu'il débuteront une grève de la faim à partir du 6 juin. Ils réclament l'application d'un accord de libération progressive des détenus islamistes convenu entre les représentants de l'Etat et des organismes de défense des droits de l'homme. La Commission d'aide aux détenus islamistes demande aussi l'amélioration de leurs conditions de détention. Les familles investiront la place rbatie de Bab el Had, ainsi que le boulevard Mohamed V en face du parlement. Les familles des détenus islamistes du pénitencier de Salé observeront une grève de la faim à partir du lundi 6 juin, à Rabat, sur la plase de Bab el Had et boulevard Mohamed V, devant le parlement. Objectif : obtenir l'application de «l'accord de principe», obtenu auprès des représentants de l'Etat et prévoyant la libération progressive de leurs parents. Elles demandent aussi la levée de l'interdiction de visite d'une durée de 40 jours décrétée par l'administration de la prison de Salé, au lendemain de la mutinerie des 16 et 17 mai. Les familles des détenus dénoncent également les conditions d'incarcération de leurs proches jugées précaires. Depuis la mutinerie du 16 mai et 17 mai, à la date du funeste anniversaire des attentats de 2003 ayant fait 45 morts, les témoignages des femmes de détenus se multiplient : avis de disparition, transfert abusif, «torture»… L'une d'entre elles, Leila Dahik dénonce le passage à tabac de son mari qui protestait contre l'interdiction de visite. Meryem Chakouri, épouse de Nouredine Nafiaa, va jusqu'à accuser Hafid Benhachem, délégué général de l'administration pénitentiaire, de «séquestration» et de «torture» à l'encontre de son mari, dans un communiqué adressé à la presse et aux associations des droits de l'homme. Dans sa lettre, Meryem Chakouri rapporte que Nouredine Nafiaa, alias Abu Muaad, son mari, a été convoqué par Hafid Benhachem lui-même, le 23 mars dernier, et transféré de la prison de Kénitra en voiture privée jusqu'au pénitencier de Salé en crise depuis la mutinerie du 16 et 17 mars. Hafid Benhachem lui a demandé de jouer le rôle de médiateur entre l'administration et la soixantaine de prisonniers qui avait, d'abord, investi les toits de la prison. «Nafiaa est un symbole pour les jeunes [islamistes]. Il a joué un rôle clé dans l'accord qui a été convenu avec la direction de la prison de Salé», explique Rida Benotmane, président de la Commission d'Aide aux Détenus Islamistes (CADI). Cet accord, convenu le 25 mars, en présence de Hafid Benhachem, Mohamed Sebbar du CNDH, Mohamed Lididi, secretaire général du ministère de La Justice, ainsi que Mustapha Ramid, président du Forum dignité pour les droits de l'homme, engageait l'administration de la prison de Salé à accélerer le traitement des dossiers des détenus islamistes, en vue de leur libération «dans des délais raisonnables par petits groupes», souligne Rida Benotmane. Il ajoute : «nous demandons également à ce que les détenus islamistes soient traités de manière humaine en attendant leur libération.» La situation allait en s'apaisant mais tout se complique à nouveau quand Nouredine Nafiaa demande à être transféré à nouveau à la prison de Kénitra. «Soufiane Ouamrou [directeur chargé de la sécurité des détenus] le rassure en lui annonçant qu'il sera transmis au pénitencier de Meknes Toulal, près de sa famille, comme il l'avait demandé auparavant, quand les travaux [à la prison de Meknes Toulal] seront finis», explique Rida Benotmane, même son de cloche chez l'épouse de l'intéressé. Meryem Chakouri annonce, dans un communiqué, quelques jours plus tard, «j'ai tenté de rechercher mon époux à la prison de Salé puis à la prison de Meknès sans résultat». La mutinerie du 16 et 17 mai à la prison Zaki de Salé a été la plus violente de l'histoire des centres pénitentiaires du pays. Sur les 150 détenus montés sur le toit, 30 ont été blessés, dont 1 tombé du toit, par les lancers de pierres, bombes lacrymogènes et balles en caoutchouc des forces de l'ordre. Suite à ces évènements, les leaders des détenus salafistes ont été dispersés dans plusieurs prisons et le droit de visite levé pour 40 jours à partir du 17 mai, rapporte Rida Benotmane. «C'est pour qu'on ne voit pas les séquelles des coups et blessures portés aux détenus islamistes», pense le président de la CADI. Les détenues islamistes ont déjà plusieurs grèves de la faim à leur actif. Leurs doléances portaient sur les conditions de leur incarcération jugées injustes et précaires. En 2007, déjà, ils demandaient l'ouverture d'une enquête sur les exactions qu'auraient commises des gardiens de prison.