La caravane prévue par le Comité national pour la libération des détenus politiques dans l'affaire de Belliraj, le samedi 26 mai, vers la prison de Toulal 2 à Meknès, a été suspendue. Et pour cause, le transfert « inattendu » des détenus. Les détenus dans le cadre de l'affaire Belliraj ont été transférés à différents centres de détention après quelques mois passés à la prison de Toulal 2 à Meknès. «C'est vraiment trop peu par rapport à nos attentes !». La présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), Khadija Ryadi, membre du Comité national de libération des détenus politiques dans l'affaire Belliraj ne cache pas sa déception. Suite au transfert des détenus dans l'affaire Belliraj de la prison de Toulal 2 de Meknès vers d'autres pénitenciers à Settat, Oujda et Salé, le Comité national des ONG mobilisées pour leur libération a dû renoncer à l'organisation de sa caravane prévue le samedi 26 mai. Un transfert sous pression « Nous l'avions décidé une dizaine de jours plus tôt avant que ce transfert ne soit annoncé, à notre grande surprise », déclare le coordinateur du Comité, Mohamed Nouhi, reconnaissant que ce transfert soulage les familles. « Plusieurs d'entre-elles, en particulier celles résidant à Casablanca, devaient supporter un long trajet vers la prison de Toulal 2 à Meknès pour pouvoir rendre visite aux détenus qui y ont été transférés suite à la mutinerie survenue au centre pénitenciaire de Salé, alors qu'ils n'y étaient pour rien », rappelle-t-il. Pour Khadija Ryadi, c'est grâce au courage des familles des détenus, à leur acharnement dans le combat pour les droits de leurs proches et aux grèves successives que ce transfert a fini par avoir lieu vers des prisons à proximité des familles. « Mais nous continuerons à revendiquer la libération de ces détenus politiques victimes d'un procès monté de toutes pièces. Le procès dont ils ont fait l'objet est, de l'avis de toutes les ONG militant pour les droits humains à l'intérieur comme à l'extérieur du Maroc, inéquitable », martèle Khadija Ryadi. La pression exercée par les familles mais aussi par les ONG reste, pour ce Comité, à l'origine du transfert. « Il n'y a plus aucune raison pour qu'on maintienne la détention de ces hommes alors que d'autres ont été libérés dans le cadre de la même affaire », affirme Mohamed Nouhi. La libération tant attendue La liberté, c'est ce qu'attendent les ONG militant au sein de ce Comité national qui se dit mobilisé plus que jamais pour atteindre son but. « Notre raison de vivre a été dictée, dès le départ, par deux revendications : la liberté sans aucune condition des détenus et l'amélioration de leurs conditions de détention. L'état de santé de plusieurs d'entre eux laisse à désirer et certains souffrant de maladies chroniques risquent de mourir à tout moment. Quant à leur droit à l'instruction, ils n'ont pas accès aux livres pour poursuivre leurs études supérieures », regrette Mohamed Nouhi. Selon ce dernier, le Comité national se penche, actuellement, sur l'évaluation de la situation dans laquelle se trouve le dossier afin d'établir un nouveau programme d'intervention. « Nous sommes préoccupés par le sort de ces détenus à l'intérieur mais aussi à l'extérieur de la prison. Ceux qui ont été libérés souffrent d'une grande marginalisation sociale parce qu'ils ont perdu leur travail et n'ont bénéficié d'aucune réinsertion socio-économique. C'est ce que nous pouvons appeler : une double peine », martèle Nouhi. Approche sécuritaire Aux yeux de Khadija Ryadi, il est grand temps que le Maroc mette un terme à « sa mauvaise gestion » du dossier des détenus politiques. « Il est inacceptable que nos prisons comptent encore des détenus de cette catégorie », s'indigne-t-elle, rappelant que le décès récemment de l'islamiste algérien Ben Miloud dans une prison au Maroc relance avec acuité l'urgence de résoudre le problème. « C'est scandaleux que ce décès soit passé sous silence et que d'autres détenus politiques en grève de la faim risquent de connaître le même sort », proteste la présidente de l'AMDH pour qui le CNDH ne joue que le rôle d' « un calmant momentané » d'un problème dont la gravité ne permet plus de patience. « Il n'y a pas de vraie volonté politique. D'ailleurs, nous avons à maintes reprises demandé l'ouverture des prisons aux ONG des droits de l'Homme, sans succès », déplore la militante. Et de préciser que le délégué général de l'administration pénitentiaire, Hafid Benhachem, n'accorde aucune suite favorable aux demandes de ce genre. « Le Comité estime urgent de procéder à un changement radical dans la gestion du secteur par le changement de ce responsable. L'approche sécuritaire doit céder la place à l'approche humanitaire », ajoute Khadija Ryadi. * Tweet * * *