La Coalition nationale pour la libération des détenus politiques, encore emprisonnés dans l'affaire Belliraj, espère que le nouveau Parlement offrira la grâce aux « victimes des procès politiques ». «Seule la cour suprême pourrait casser le verdict émis en appel contre les détenus de l'affaire Belliraj, ou leur permettre au moins d'être rejugés dans le cadre d'un procès juste et équitable. Mais est-ce que la justice aura l'audace de reconnaître sa responsabilité dans ce dossier ? ». Me Abderrahman Benameur ne cherche pas de réponse, mais tient à dénoncer, haut et fort, les « nombreuses lacunes » qui ont entaché le déroulement du procès. A la tête de la Coalition nationale pour la libération des détenus politiques restants dans l'affaire Belliraj, l'avocat a exprimé, hier à l'occasion d'une conférence, son indignation. « La défense s'est vu interdire absolument tout : le droit d'accès aux PV de nos clients, l'examen des preuves présentées, la convocation de témoins… Même les expertises médicales que nous avons demandées à nos clients ont été refusées ! », s'insurge l'avocat qui décrit les difficultés d'un dossier pas comme les autres. « Tous les critères, à partir de l'arrestation de nos clients, sans flagrant délit, pour des faits remontant à 1991, jusqu'aux audiences publiques ont été violés », affirme Abderrahman Benameur. L'ultime espoir Ce n'est pas la première fois que s'exprime l'un des avocats ayant assuré la défense des détenus dans le dossier Belliraj. Mais cette fois-ci, c'est à travers toute une coalition de militants et d'associations nationales et internationales que l'espoir tente de renaître. « Le nouveau Parlement aura le droit d'accorder des grâces. Nous espérons qu'il le fera pour enfin délivrer ces détenus politiques de la prison de Toulal », souhaite le président de la coalition, qui compte entreprendre plusieurs démarches dans ce sens. « Nous organiserons une conférence le 26 octobre et des sit-in pour alerter l'opinion publique et mondiale de l'injustice que subissent les détenus restants dans le dossier Belliraj », annonce Mohamed Nouhi, coordinateur de la coalition. Au programme des actions protestataires figurent aussi l'organisation d'une caravane. « Nous réunirons, au début du mois prochain, de nombreux militants des droits de l'Homme pour une caravane en direction de la prison de Toulal où ont été transférés les détenus après les événements de Salé. Nous resterons devant la porte de ce pénitencier pour observer un sit-in appelant à leur libération », ajoute le coordinateur. Une campagne nationale et internationale, une pétition et des mémorandums feront suite aux démarches précédentes. La doléance des familles « Si les autres détenus dans la même affaire ont été libérés, pourquoi en priver les autres ? », s'interroge Samira Erramach, coordinatrice des familles des détenus et membre de la coalition. Ils sont, aujourd'hui, 21 détenus dans ce dossier à purger des peines de prison de longue durée depuis 2008. « Ils ont été transféré vers Meknès, alors qu'ils n'ont jamais participé aux événements qu'a connus la prison de Salé. Nous avons demandé par écrit à Benhachem, le délégué général de l'Administration pénitentiaire, de nous accorder audience, mais il n'a jamais donné suite à notre doléance. Si nos proches ne sont pas libérés, nous voudrions seulement qu'ils vivent leur détention dans de meilleures conditions, qu'ils aient le droit aux soins médicaux, à poursuivre leurs études », lance Samira Erramach.