Le dossier des salafistes revient à la Unede l'actualité nationale. Le tout nouveau ministre de la Justice réitère son engagementà s'occuper de ce dossier, dans « la limitede ses prérogatives ». Une semaine après sa désignation à la tête du département de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid a pris langue, lundi, avec le comité conjoint de défense des détenus islamistes, une entité regroupant les anciens prisonniers islamistes et les familles de ceux qui sont encore derrière les barreaux. Un dossier que le nouveau ministre connaît parfaitement, pour avoir été l'avocat, depuis 2003, année des attentats de Casablanca, de nombreux mis en cause dans des affaires de terrorisme et, bien entendu, en tant qu'ancien président du Forum Al Karama, une ONG des droits de l'Homme qui s'est fait une réputation dans la défense des salafistes. «C'est une mission qui nécessitedu temps, sachant pertinemmentque le dernier mot revient auroi, par le biais de la grâce.» Même son de cloche Dans des déclarations au Soir échos, le tout nouveau ministre de la Justice et des libertés estime qu' «il s'agit d'une réunion de communication normale et rien de plus. Nous avons transmis aux deux ONG notre détermination à œuvrer pour trouver une issue à ce dossier. C'est une mission qui nécessite du temps, sachant pertinemment que le dernier mot revient au roi, par le biais de la grâce». Et d'avouer que « concernant cette question la marge de manœuvre du département de la justice est très réduite», expliquant au passage que «les prisons sont sous la tutelle de la Haute Déléation, et la magistrature est un pouvoir indépendant de l'exécutif». Moussaîd Hasnaâ, coordinatrice de la Coordination la Vérité, et épouse d'un détenu salafiste (Yassine Bounajra) affirme au Soir échos que « l'accueil de Mustapha Ramid était excellent. Le dialogue, d'environ une heure, s'est déroulé dans de bonnes conditions. Il nous a promis qu'il compte s'occuper de nos demandes, au même titre que celles de tous les citoyens marocains». Et d'ajouter que « le ministre a évité de faire des promesses de grâces royales en faveur de nos proches, encore en prison, mais a déclaré qu'il allait travailler sur ce dossier, bien entendu dans la limite de ses prérogatives». A la question de savoir s'ils ont convenu de se réunir prochainement, Mme Moussaîd répond par la négative, soulignant que le ministre de la Justice et des libertés a transmis aux membres du comité conjoint de défense des détenus islamistes qu'il «restait à leur disposition». Et de conclure que «la réunion, en elle même, est une bonne initiative». «Le ministre a évité de faire des promesses de grâces royales en faveur de nos proches encore en prison». Une bonne initiative qu'il faut bien marquer dans soncontexte. Elle intervient après la décision des détenus salafistes de la prison de Toulal 2 à Meknès de mettre un terme à la grève de la faim observée depuis le 22 décembre 2011, suite à une médiation menée par Mo hamed Sebbar. Auparavant, le secrétaire général du conseil national des droits de l'Homme a reçu une délégation des familles des détenus.Ces contacts, aussi bien avec les représentants du CNDH qu'avec le ministre de la Justice et des libertés, sont-ils annonciateurs d'une possible libération des salafistes, encore derrière les barreaux ? Du côté des familles, ces réunions leur donnent des raisons d'espérer de retrouver leurs proches. Un sentiment que traduit Mme Moussaîd en, nous confiant son «optimisme». Des conditions de détention «indignes» Avant d'être ministre de la Justice, Mustapha Ramid était leprésident du forum Al Karama qui, pas plus tard qu'en aoûtdernier, était monté au créneau pour appeler à la libération desdétenus salafistes, mais aussi pour dénoncer les conditions deleur détention. On s'en souvient, le Forum avait alors élaborétout un rapport sur la question.Un rapport où il brosse un sombre tableau des conditions d'incarcération des détenus salafistes et de ceux impliqués dansle réseau Abdelkader Belliraj, et ce depuis les incidents qu'aconnus la prison de Salé, les 16 et 17 mai. Des événements àl'origine du «transfèrement de tous les prisonniers condamnésvers le centre de détention de Toulal 2 à Meknès» et «laviolation des droits des autres détenus à Salé».Le Forum avait avancé qu'il y aurait «poursuite de torture»,«isolement les détenus dans des cellules individuelles»,«interdiction des visites familiales», «privationdu droit de se soigner» et interdiction de «recevoirdes livres (y compris le Coran) ou des stylos».