De nouveau, les salafistes de la prison de Salé font parler d'eux, la brutale intervention des forces de l'ordre a contribué à cette médiatisation. De nouveau, les salafistes de la prison de Salé font parler d'eux, la brutale intervention des forces de l'ordre a contribué à cette médiatisation. Lundi, la prison de Salé a renoué avec les protestations cycliques des salafistes. Cette fois, la tension a monté d'un cran. « Les détenus ont brutalisé violemment lundi et empêché d'accomplir leur travail cinq gardiens de cet établissement pénitentiaire, ont raconté des témoins oculaires », souligne une dépêche de la MAP. Un prélude qui devait donner lieu, vers 22 heures, à une intervention des forces de sécurité «pour rétablir l'ordre», selon la même source. Le recours à la manière forte a fait des blessés parmi les détenus. D'aucuns parlent d'usage de bombes lacrymogènes pour disperser les salafistes dont des proches étaient présents aux abords de la prison lors du mouvement de protestation. Certains avancent même qu'un des détenus, Zakaria Ben Ali, aurait reçu une balle à blanc. Une information non encore confirmée par des sources proches des prisonniers. Contacté par le Soir échos, Abderrahim Mouhtad, président de l'association Annassir, a donné une version contraire à celle fournie par l'agence officielle, soulignant : «Le mardi, vers sept heures du matin, les détenus n'avaient pas encore mis un terme à leur sit-in. J'ai quitté la prison vers 8 heures ; je n'ai pas dormi de la nuit » . Fatigué, Mouhtad s'est contenté de dire que «l'intervention des forces de l'ordre était brutale ; des vidéos circulant sur le Net en sont la preuve parfaite ». Par ailleurs, dans une vidéo, les détenus reprochent aux négociateurs leur volonté de tout recommencer à zéro alors même qu'ils reconnaissent avoir reçu auparavant des promesses des responsables pour une amélioration de leurs conditions de détention. Ce rassemblement des détenus de la mouvance salafiste à la prison de Salé a coïncidé avec la commémoration des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca. L'allusion est faite aux précédentes négociations menées par Hafid Benhachemn, le patron de la Haute délégation des prisons et Mohamed Lididi, secrétaire général du ministère de la Justice, lors des protestations des salafistes de Salé, fin février et début mars ; protestations au cours desquelles, ces derniers avaient réussi à arracher de leurs interlocuteurs officiels, une éventuelle libération provisoire des détenus islamistes incarcérés depuis des mois sans aucun procès. De même, ils avaient réussi à convaincre l'administration de la prison de Salé de rallonger la durée des visites de leurs proches à 1h30 mn, au lieu des 15 minutes en usage auparavant. La revendication de transfèrement de certains détenus salafistes vers des prisons plus proches de leurs familles a été également promise par l'administration. Le timing de ce rassemblement des détenus de la mouvance salafiste emprisonnés à Salé n'est pas fortuit. Il a coïncidé avec la commémoration des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca. Sur ce plan, les détenus ont visiblement réussi une véritable opération de médiatisation de leur cause. La brutale intervention des forces de l'ordre a également involontairement contribué à cette action. Si la MAP avance que ce sont les salafistes qui ont contraint les forces de sécurité à intervenir « pour rétablir l'ordre », d'autres sources proches des détenus opposent un autre son de cloche à cette version officielle. Selon elles, des éléments de la police auraient, dans le cadre d'une opération anticipant une réaction hostile des salafistes le jour même de la commémoration des attentats du 16 mai 2003, investi la prison de Salé afin d'éviter un sit-in ouvert des salafistes similaire à celui de février dernier. Si à Salé, à en croire la MAP, le calme est revenu, des informations n'écartent pas que le centre de détention de Kénitra puisse vivre les mêmes évènements. Pour mémoire, juste après la fin du sit-in ouvert, début mars, des salafistes de Salé, Soufiane Ameur, le n°2 de la Haute délégation des prisons, prenait langue avec ceux du centre de détention de Kénitra. Selon le Forum Al Karama, le détenu Bouchta Charef a été transféré de la prison de Salé vers « une destination inconnue ». L'ONG présidée par le député Mustapha Ramid attribue, dans un communiqué, ce transfèrement de Charef pour effectuer une expertise médicale sur sa santé. Le Forum rappelle que le détenu a pris contact avec la direction pour les mêmes raisons à condition qu'elle soit faite par « des médecins indépendants et connus pour leur probité ». Le 28 avril, la Chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme près la Cour d'Appel de Salé, a condamné Bouchta Charef à dix ans de prison. Auparavant, il avait diffusé sur internet une vidéo dans laquelle il affirmait avoir été torturé dans le centre de détention de Témara. Charef est membre d'une cellule islamiste démantelée en septembre 2009. Dans la matinée de mardi, la tension était encore vive à Salé. Des sources rapportent au Soir échos que les forces de l'ordre auraient interdit l'accès à la prison de Salé et que des arrestations auraient été opérées dans les rangs des familles des salafistes qui observaient un sit-in. Les mêmes sources avancent qu'un hélicoptère, transportant des blessés parmi les salafistes, aurait fait la navette entre la prison et un centre hospitalier. Sur le nombre de décès qu'aurait causé l'intervention des forces de l'ordre, c'est la confusion totale : les salafistes font état de deux cas alors que la MAP n'a nullement mentionné de décès. Dans une dépêche, l'agence officielle rapporte que les salafistes auraient « de nouveau séquestré, mardi matin, cinq employés de ladite prison et s'en sont pris avec violence aux gardiens, faisant plusieurs blessés dont certains ont été hospitalisés. Dans leur forfait d'une rare violence, ces détenus ont utilisé des barres de fer et des pierres qu'ils ont extraites d'un mur de la prison pour s'attaquer aux gardiens ».