Selon l'Association Annassir, la responsabilité des violences déclenchées au sein de la prison de Salé est à imputer à certains détenus de la Salafiya qui ont violenté et séquestré, lundi, les gardiens de ce centre de détention. Dans la nuit de lundi à mardi, la prison de Salé a été le théâtre d'affrontements violents entre les détenus de la Salafiya et les forces de l'ordre. Ces salafistes ont fait usage de la violence contre les gardiens de la prison pour exprimer la dénonciation des conditions de leur détention. Il s'agit d'une véritable mutinerie qui a été déclenchée au sein de ce centre de détention regroupant près de 200 détenus de la Salafiya. Selon des témoins oculaires cités par la MAP, les salafistes ont brutalisé violemment et séquestré, lundi 16 mai, cinq gardiens de cet établissement pénitentiaire. Cette situation a nécessité l'intervention des forces de sécurité pour rétablir l'ordre et libérer les personnes détenues. Mardi 17 mai, les détenus ont de nouveau séquestré cinq employés de ladite prison. Ils se sont pris également avec violence aux gardiens, faisant plusieurs blessés dont certains ont été hospitalisés. Dans leur mutinerie d'une rare violence, ces détenus ont utilisé des barres de fer et des pierres qu'ils ont extraites d'un mur de la prison pour s'attaquer aux gardiens. Contacté par ALM, Abderrahim Mouhtad, président de l'Association Annassir dédiée au soutien des détenus de la Salafiya Jihadia, affirme que la responsabilité des violences au sein de la prison de Salé est à imputer à certains détenus de la Salafiya qui ont pris d'assaut les gardiens de la prison, donnant lieu à une intervention des forces de sécurité pour rétablir l'ordre. «Nous suivons de près la situation. Nous regrettons profondément ce qui se passe à la prison de Salé. Il s'agit d'une première dans les prisons du Royaume. C'est vraiment une catastrophe. Nous dénonçons le recours à la violence et nous appelons au dialogue. Il y a des détenus au sein de la prison de Salé qui s'obstinent dans leur démarche. Ils croient qu'avec l'escalade ils peuvent régler le problème, alors qu'en réalité ils ne font que compliquer les choses», affirme M. Mouhtad. «Il ne faut pas mettre dans le même panier les modérés et les intégristes. Il ne s'agit que d'une minorité parmi les détenus qui a déclenché les actes de vandalisme dans la prison. Alors que le reste des détenus ne sont pas impliqués. C'est la raison pour laquelle nous disons qu'après le dénouement de cette affaire, il faudra trier les détenus en fonction de cette distinction. C'est-à-dire les personnes qui souhaitent quitter la prison et celles qui ne cherchent que l'escalade de la violence et la confrontation», indique-t-il. Et d'ajouter que «la responsabilité de ces actes incombe aux fauteurs de troubles parmi les détenus qui ont violenté et séquestré certains employés de la prison avant de les libérer. Il faut dire qu'on n'a rien à reprocher aux forces de l'ordre qui ont épuisé toutes les voies du dialogue avant d'intervenir. D'ailleurs, Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), a visité les lieux vers minuit pour apaiser la tension. Mais, après avoir rencontré les détenus, M. Sebbar a affirmé qu'il ne pouvait rien faire face à des personnes qui refusent le dialogue». «Ce n'est qu'après le départ de M. Sebbar que les forces de l'ordre sont intervenues. Actuellement (mardi matin), la situation est toujours la même. Les forces de l'ordre vont certainement accorder un peu de temps aux détenus récalcitrants pour voir s'ils vont céder, sinon elles devraient intervenir pour rétablir l'ordre», souligne Abderrahim Mouhtad. Ceci dit, les associations de défense des droits de l'Homme qui œuvrent dans le domaine de l'amélioration des conditions de détention ont suivi de près la situation. Mardi matin, cinq ONG de défense des droits de l'Homme: l'OMDH, l'AMDH, l'Observatoire marocain des prisons, Adala et le FMVJ, ont tenu une réunion à Rabat pour examiner les derniers développements de cette affaire. «Nous sommes toujours en train de collecter les informations à propos de ces incidents. Nous suivons de près la situation. Nous avons adressé, mardi matin, une demande à la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de réinsertion pour visiter la prison et nous attendons toujours la réponse. Il s'agit d'événements très sensibles. Nous craignons fort qu'il y ait des victimes parmi les détenus dans le cadre de ces violences», souligne Abderrahim Jamaï, président de l'Observatoire marocain des prisons, dans une déclaration à ALM. Et de souligner qu'«il a été parvenu à notre connaissance, à travers des sources concordantes, que le général du corps d'armée Hosni Benslimane aurait envoyé un émissaire à la prison demandant aux détenus de se rendre et d'apaiser la tension en contrepartie de garanties de ne pas être poursuivis pour ces actes. Nous avons également été assurés du fait qu'il n'y aurait pas une intervention violente des forces de sécurité contre ces détenus pour mettre fin à cette crise». «Il a été également porté à notre connaissance que juste après le dénouement de cette crise, les détenus de la Salafiya seront dispatchés sur les différentes prisons du Maroc. Mais, nous ne savons pas encore si cette décision a été prise en concertation avec les détenus ou pas», précise M. Jamaî. Dans un communiqué, les cinq ONG, réunies mardi, expriment leur inquiétude face à cette situation et dénoncent le recours à la violence. Le communiqué appelle également à ouvrir une enquête au sujet de l'intervention des forces de l'ordre contre les détenus et revendique l'amélioration des conditions de détention dans les différents centres de détention du Royaume.