Les médias espagnols annonçaient depuis ce jeudi une rencontre imminente entre le Roi Mohamed VI et le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero. La réunion entre les deux dirigeants devrait finalement avoir lieu ce lundi à New York. Il sera surtout question de stabiliser les relations entre les deux pays, après l'escalade de tension observée ces derniers mois. De lundi à mercredi prochains, se tient au siège des Nations unies à New York, le sommet commémorant le 10e anniversaire de la proclamation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). En marge de ce sommet, une autre rencontre à grands enjeux se tiendra entre le roi du Maroc, Mohamed VI, et le chef du gouvernement espagnol, José Zapatero. Sur les ondes de la radio espagnole Cope, le chef du gouvernement ibérique, lorsqu'il évoquait l'éventualité d'une réunion, Zapatero déclarait : «(…) logiquement, si la réunion a lieu, nous parlerons des relations entre l'Espagne et le Maroc, qui (…) sont une priorité de la politique extérieure espagnole». La rencontre entre les deux dirigeants ne pouvait donc mieux tomber, surtout après le regain de tension entre les deux pays observé au cours des dernières semaines. Des tensions qui ont eu pour point de départ le passage à tabac d'un marocain par des policiers espagnols. Ce triste épisode, que nous avions intitulé «l'incident de la sardine», allait déboucher quelques jours plus tard sur une véritable crise diplomatique entre les deux pays, et ramener à la surface la question de la marocanité ou de l'hispanité des enclaves. Pour ne rien arranger, il a fallu en plus, à un moment délicat de cette crise, que l'ancien chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, sente la nécessité de visiter un territoire dont il ne s'était jamais enquis durant ses deux mandats. Aznar sera d'ailleurs imité cette semaine par son successeur à la tête du Parti populaire espagnol, Mariano Rajoy, leader de l'opposition en Espagne. Ce geste, qualifié de provocation par le Premier ministre marocain Abbas El Fassi, avait aussi eu le même écho auprès du gouvernement espagnol. C'est ainsi que le ministre espagnol des affaires étrangères, Miguel Angel Rajoy, avait accusé le PP d'alimenter la tension avec le Maroc. Rajoy lui s'était défendu, en alléguant que son voyage à Melilla ne servait pas de dessein polémique. Voilà en tout cas un cas qui devrait donner à débattre à Mohamed VI et Zapatero, qui aurait, selon la chaîne espagnole RTVE, dit : «les déclarations faites par le chef de l'opposition me semblaient correctes, elles ont été dans la bonne direction». Notons que les incidents de Melilla n'auront pas été la seule source de discorde entre les deux gouvernements ces dernières semaines. Le Maroc avait ainsi vivement critiqué l'attitude de la Guardia civil espagnole qui avait abandonné 8 candidats à l'immigration clandestine près de Sebta début août. Durant ce même mois d'août, un incident survenait à Laâyoune, après les arrestations de militants espagnols pro-Polisario. Plus tôt dans l'année, c'est l'Espagne qui s'était senti lésée dans le nouvel accord sur les produits agricoles et halieutiques entre le Maroc et l'Union européenne. Cette rencontre entre le Roi Mohamed VI et le Premier ministre espagnol, quoique non-officielle n'aura rien d'une rencontre de courtoisie.