«Zapatero et Mohammed VI arrondissent les angles des relations bilatérales après les incidents de la frontière de Melilla», titre à la «Une» La Vanguardia alors que ABC rend hommage à Zapatero pour avoir «scellé à New York la réconciliation avec le Maroc». Pour El Periodico de Catalunya, « Mohamed VI et Zapatero optent pour le respect et la bonne volonté dans la solution des problèmes » qui surgissent entre les deux pays. El Pais retient que «Madrid et Rabat placent leur confiance en la diplomatie pour éviter davantage d'incidents». Attribuant une haute signification a cette entrevue, les quotidiens espagnols ont repris de larges extraits du compte rendu détaillé fait par M. Zapatero de ses entretiens avec le souverain lors d'une conférence de presse. Le chef du gouvernement espagnol a particulièrement souligné le climat chaleureux qui a caractérisé son premier face-à-face avec le roi Mohammed VI après la série d'incidents à la frontière de la ville occupée de Melilla. Le souverain et M. Zapatero, retiennent les quotidiens, se sont engagés à œuvrer de manière conjointe dans «le respect» et avec une «bonne volonté» dans le but de transcender les éventuels problèmes qui pourraient surgir entre les deux pays. D'autant plus, la réunion a été « très positive » pour avoir permis de réaffirmer les principes de «collaboration, de bon voisinage, de coopération, d'entente et de sincérité», a affirmé M. Zapatero qui a annoncé une «probable» rencontre entre le roi Mohammed VI et le roi Jan Carlos 1er. Il s'est réjoui d'entretenir de «très bons rapports» avec le roi Mohammed VI, ce qui «facilite», a-t-il dit, le développement de bonnes relations entre les deux pays. Parmi les résultats immédiats de l'entrevue, M. Zapatero a annoncé l'arrivée prochainement à Madrid du nouvel ambassadeur du Maroc en Espagne. Les quotidiens espagnols ont également repris une dépêche de l'agence MAP qui a signalé l'engagement du souverain à continuer d'œuvrer en faveur du développement des relations entre le Maroc et l'Espagne conformément aux principes de la «paix, de la coopération et du respect mutuel». Pour certains secteurs de la société espagnole, particulièrement les nostalgiques de l'ancien régime fasciste, le maintien du statu quo dans les relations avec le Maroc doit demeurer comme une constante dans la politique extérieure. Il s'agit d'une attitude en retard sur la nouvelle doctrine des relations internationales qui privilégie, depuis 1945, l'entente, la concertation et le pragmatisme entre Etats souverains pour la solution des contentieux. Pour rappel, bien avant la Guerre de Tétouan (1859/60), l'Espagne ne cessait de réclamer le droit de pêche au large des côtes nord du Maroc et d'exprimer son attachement aux enclaves de Sebta et Melilla. Dans ce contexte, elle décida, sous prétexte de protéger ses possessions au nord du Maroc, d'occuper en 1848 les îles Jaâfarines. Le régime franquiste, à l'époque où le Maroc réclamait son indépendance au début des années 50, s'était farouchement opposé à la fin du protectorat sur le nord du royaume et la rétrocession de la souveraineté sur l'ensemble des territoires occupés y comprises Sebta, Melilla et l'archipel des îles Jaâfarines. Durant l'été 2010, soixante ans plus tard, les héritiers du franquisme ont malheureusement ressuscité la fougue nationaliste en convertissant la présence espagnole à Sebta et Melilla en un instrument de harcèlement dans le dessein de provoquer une nouvelle crise territoriale entre Rabat et Madrid, comme en juillet de 2002 à cause du minuscule ilot de Toura/Leila (Persil pour les espagnoles). L'actuel leader du Parti Populaire (PP : opposition majoritaire de droite) M. Mariano Rajoy, était alors ministre de la Présidence au gouvernement de José Maria Aznar. En perte de popularité à l'approche des élections générales de 2012, et faute d'alternative à la politique du gouvernement pour redresser la tendance de l'économie et du marché de travail en chute libre, le PP aspire à maintenir sa main mise sur des possessions résiduelles du passé colonial et en faire une arme électorale. Dans ce cas, les intérêts nationaux sont mis en veilleuse jusqu'á la «reconquête du pouvoir ». La persistance d'une certaine doctrine anachronique dans la manière de traiter le contentieux des possessions espagnoles au Nord du Maroc, encourage en fait la prise de positions crispées mais, ce qui est pernicieux, elles sont hostiles au peuple marocain parce qu'elles sont en contradiction avec les normes du bon voisinage.