Après les événements récents liés à l'immigration irrégulière, l'Espagne ne cesse de multiplier les requêtes auprès du Maroc. Après avoir demandé l'introduction de la réadmission systématique des migrants dans l'accord bilatérale, Madrid veut que Rabat empêche les migrants d'atteindre la frontière. «Il faudrait demander au Maroc de veiller à ce que les immigrants ne s'approchent pas de la frontière espagnole», a déclaré lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, juste après l'entrée clandestine d'une centaine d'immigrants à Melilla, rapporte l'agence de presse EFE. Pour lui, la situation prend considérablement de l'ampleur. En effet, l'assaut massif d'hier, perpétré à la base par 500 migrants, était le quatrième de l'année et le deuxième en une semaine. Depuis la mort des migrants qui tentaient d'entrer à Ceuta le 6 février, l'Espagne est sous pression. M. García-Margallo estime que pour atténuer la situation, la police marocaine devrait empêcher les immigrants d'atteindre la frontière. D'après le ministre, la frontière maroco-espagnole est la «plus inégale au monde, même plus que celle des Etats-Unis et du Mexique». Il s'attend à une plus forte affluence des migrants dans les prochaines semaines et estime que vu l'ampleur de la situation, le Maroc et l'Union européenne devraient davantage s'impliquer pour contrer cette immigration clandestine. Après des accusations par les ONG de violation des droits de l'homme dans la gestion de l'immigration irrégulière, Madrid donne l'impression de vouloir attribuer le maximum de responsabilités au Maroc. Rabat n'est pas effectivement pas à l'abri des critiques. Les médias ibériques ont recueilli des témoignages de migrants assurant qu'ils sont battus par la police marocaine avant et après leurs tentatives d'assaut. Mais L'Espagne semble vouloir fuir ses responsabilités en mettant presque tout sur le dos du Maroc. Par quel moyen Rabat empêchera-t-il les migrants d'atteindre la frontière ? Une question se pose cependant. Les autorités espagnoles veulent que Rabat empêche les migrants d'atteindre la frontière. Mais par quel moyen ? Les policiers marocains devraient-ils s'inspirer de leurs homologues espagnols ? Une vidéo révélée par le quotidien El Diaro montre comment les éléments de la garde civile jettent des pierres sur les immigrants pour les empêcher de traverser la clôture barbelée. Et même s'ils disent renvoyer les pierres lancées par les migrants, cette pratique est contraire à la loi indique le même journal. Si le Maroc ne fait pas attention, c'est lui qui sera accusé de violation des droits de l'homme. Et il serait difficile de croire que le gouvernement marocain ait encore envie d'être au cœur des critiques des ONG internationales, notamment Human Rights Watch (HRW). Il n'a pas été dit si l'Espagne a déjà présenté une demande officielle au Maroc. Mais les autorités marocaines réfléchissent déjà à la proposition d'inclure la réadmission systématique dans l'accord bilatéral, faite par le ministre espagnol de l'Intérieur. Jusqu'à présent, les autorités chérifiennes ne se sont pas ouvertement exprimées à ce sujet. Mais, le Conseil général des avocats espagnols a averti hier disant qu'une telle mesure était illégale sur le plan juridique, car le migrant qui atteint la frontière espagnole est soumis à la loi sur les étrangers. Et cette loi prévoit en effet que tout migrant qui atteint la frontière dispose du droit de demander l'asile.