Selon un agent de la Guardia civil de Melilia, la police marocaine maltraite les immigrants subsahariens qui essaient de traverser la frontière pour atteindre l'Espagne. «Nous savons que [les policiers marocains] traitent avec dureté [les migrants subsahariens] et nous comprenons leur désespoir et permettons que les collectifs les plus vulnérables que nous interceptons sur la clôture [mineurs, malades et femmes], soient admises dans le CETI de Melilia. Le reste est rendu à la Police marocaine», explique cet agent de la Guardia civil à Melilia à 20 Minutes. En langage technique, on parle de réadmission. C'est ce qui s'est passé avec les 80 immigrants qui ont envahi l'îlot de Terre. L'Espagne est restée avec les femmes et les mineurs et a remis le reste au Maroc, une opération réalisée pendant la nuit et surtout sans garanties légales appropriées, dénoncent les ONG. Cette déclaration vient confirmer les dénonciations de l'ONG espagnole Prodein. D'après son président José Palazon, la police marocaine «maltraite systématiquement» les migrants subsahariens qui essaient de rejoindre l'Espagne. Pour lui, ces migrants «ne sont pas traités comme des humains, mais comme des marchandises». «les groupes de sans-papiers qui restent encore au Maroc vivent terrorisés, cachés, subsistent grâce à la mendicité, à la fouille dans les ordures et à la chasse des animaux», a-t-il ajouté. Avant l'été, l'on estimait à 3 000 le nombre d'immigrés en provenance de la Somalie, du Mali, de la Guinée, Côte d'Ivoire, du Cameroun et plusieurs autres pays d'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, 300 à 800 immigrants attendraient de sauter la clôture pour arriver en Espagne. Les immigrants qui sont interceptés, bien qu'étant dans la partie espagnole, seraient immédiatement renvoyés au Maroc, sans passer par les bureaux des Affaires étrangères espagnoles. Une procédure que l'association juge illégale. Et ce, même si le Maroc et l'Espagne sont liés par un accord bilatéral. De son côté, le gouvernement marocain ne réagit toujours pas. Et ce, malgré les déclarations et les affirmations qui fusent de toute part. A mi-septembre encore, l'ONG médecins sans frontières attestaient des actes de maltraitances que subissent certains immigrés à Nador et Oujda. Le ministre des Affaires étrangères, Saâdeddine El Othmani, avait pourtant clairement dit que le Maroc ne serait pas le gendarme de l'Europe en ce qui concerne l'immigration clandestine, mais visiblement, il a changé d'avis. Néanmoins, l'arsenal sécuritaire et les mesures de «correction» employés par la police marocaine ne découragent pas pour autant les migrants illégaux. Pas plus tard que vendredi dernier, un groupe de 25 sans-papiers ont réussi à sauter la clôture aux frontières de Melilia.