Le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité, Francisco Martinez, a rencontré, hier lundi à Rabat, le ministre délégué marocain de l'Intérieur, Charki Draiss, pour s'entretenir sur la situation des immigrés clandestins au Maroc. Madrid entend ainsi prêter main forte à Rabat dans le cadre d'un programme de rapatriement des immigrés clandestins sous la houlette de l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM). Madrid et Rabat sont plus que décidés à prendre le taureau par les cornes sur la question migratoire. Alors que ces dernières semaines les assauts répétés aux frontières de Ceuta et Melilla avaient suscité l'émoi général, cet état de fait semble avoir redonné de l'élan au gouvernement ibérique, qui envisage d'appuyer Rabat dans le cadre d'un programme de rapatriement des migrants clandestins. En effet, d'après des sources espagnoles, le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité, Francisco Martinez, a rencontré hier à Rabat, Charki Draiss, le ministre délégué de l'Intérieur afin de discuter de la question et proposer un plan d'action conduit par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ce plan consiste au rapatriement des immigrés clandestins dans leurs différents pays d'origine. Selon le secrétaire d'Etat espagnol, la politique de «retours volontaires» des immigrants se fera sur la base d'un certain nombre de garanties, notamment «la préservation de leur dignité et de la situation humanitaire». Une politique également voulue par le roi Mohamed VI. Madrid et Rabat vont, de ce fait, promouvoir ces retours volontaires dans un modèle «que défend l'Union européenne» et le partenariat pour la mobilité signé, le 7 juin dernier, entre le Maroc et l'UE, a précisé Martinez. Appui logistique et financier Le plan est basé sur des programmes de l'OIM qui fournira une aide financière et logistique pour son application. Pour sa part, «l'Espagne participera à ces programmes avec une politique globale et une contribution financière», a indiqué Martinez. Pour ce dernier, l'initiative de l'OIM est «une alternative digne et humaine qui permettra à des milliers de migrants subsahariens au Maroc de retourner dans leur pays d'origine avec un projet de réinsertion et d'avenir». A l'en croire, l'engagement espagnol pour ce programme depuis octobre dernier a permis de disposer d'un montant de 200 000 euros pour financer ces retours volontaires, à travers l'achat de billets d'avion pour environ 400 immigrants irréguliers. Selon Martinez, les autorités marocaines ont intérêt à étendre la collaboration en matière de gestion migratoire. Sécuriser les frontières de Ceuta et Melilla Au cours de cette rencontre, il a aussi été question de la situation à Ceuta et Melilla. Fin septembre, plus d'une centaine de migrants irréguliers avaient réussi à franchir la frontière grillagée de Ceuta et Melilla pour entrer dans ces villes sous autorité espagnole. La police marocaine avait néanmoins réussi à repousser plusieurs centaines d'entre eux. Mais des ONG espagnoles avaient dénoncé une sorte de laxisme du royaume dans la lutte contre l'immigration clandestine. Elles accusaient le Maroc de profiter de ces assauts via l'augmentation des aides accordées par l'UE pour la lutte contre l'immigration illégale. Hier, lors des échanges, Martinez a en tout cas salué l'action des forces de l'ordre marocaines, demandant le maintien et l'intensification de la sécurité dans ces deux zones. Actuellement, des travaux aux postes frontières de Tarajal à Ceuta et Bni Ansar à Melilla sont en train d'être réalisés, a-t-il rappelé, précisant qu'une fois terminés, ils permettront de rendre la «frontière plus sûre et de donner de meilleures conditions aux forces de sécurité». Réunion à Madrid les 5 et 6 novembre prochains Malgré les fortes pressions migratoires cet été, le nombre d'immigrants arrivés sur les côtes espagnoles aurait baissé en 2013. Cependant, l'Espagne ne compte pas s'en arrêter là et soutient la nécessité de poursuivre les efforts avec le Maroc pour améliorer les résultats enregistrés. «La situation ne peut pas être qualifiée de résolue» malgré toutes les mesures qui ont été prises, d'après Martinez, ajoutant que l'activité des réseaux de trafic se poursuit, d'où l'importance de «poursuivre les efforts conjoints». Il a même appelé à la fermeture «des voies migratoires du passé, notamment la façade Atlantique, les îlots et les rochers. Ces derniers mois, les initiatives se sont multipliées, d'un côté comme de l'autre, pour résoudre la question migratoire. En août, l'Espagne et le Maroc avaient renforcé leur collaboration en dynamisant les canaux de communication entre la Garde civile, les services de sauvetage maritime et la Garde côtière marocaine. Le 25 septembre 2013, l'Union européenne avait proposé son aide au Maroc dans le cadre de la nouvelle politique migratoire voulue par le roi Mohamed VI. Les 5 et 6 novembre, Madrid abritera également un séminaire dans le cadre de la Conférence de Dakar sur la «gestion des frontières».