Le CNI, service de renseignements espagnol, a décidé d'expulser Noureddine Ziani car soupçonné de «collaborer» avec la DGED de Yassine Mansouri depuis «l'an 2000». Mais, il semblerait que c'est surtout l'activisme de ce Marocain pour l'indépendance de la Catalogne qui a plaidé en sa défaveur. Décryptage. Les services secrets espagnols (CNI) détiennent un ressortissant marocain, Noureddine Ziani en attendant son expulsion. Une décision qui remonte au 3 mai, date de la réception par l'intéressé de la décision portant l'estampille du directeur du CNI, le général Félix Sanz-Roldán. Dans son ordre d'expulsion, comme le rapporte le quotidien El Pais, le chef du renseignement estime que Ziani «représente une menace pour la sécurité nationale et la stabilité des institutions» et qu'il «compromet les relations de l'Espagne avec d'autres pays». Le patron du CNI accuse, également, le Marocain d'«être un collaborateur de haut niveau d'un service d'intelligence étranger, et ce, depuis l'an 2000», une allusion plus que transparente à la DGED de Yassine Mansouri. Et de «favoriser les intérêts de cette nation étrangère au détriment de la sécurité nationale» ; d'avoir eu des contacts «avec les principaux leaders salafistes» en vue du «financement de ses projets», telle «la construction de mosquées». Des activités qui «favorisent l'expansion, dans notre pays, de thèses radicales», conclut la note du général. Une question se pose alors : pourquoi le CNI a attendu 14 ans avant de renvoyer l'agent Ziani vers le Maroc ? Ziani très actif pour l'indépendance de la Catalogne Cette décision du CNI, a suscité une vive réaction de la formation nationaliste Convergence démocratique catalane (CDC), un parti de droite qui milite pour l'indépendance de la Catalogne lors du referendum de 2014. Dans un communiqué, sa direction la qualifie de «menace du processus souverainiste». Même son de cloche auprès de la Gauche Catalane Républicaine (ERC). Alfred Bosch, son député à la Chambre basse espagnole, a souligné dans des déclarations à la presse, que cette détention est «une vengeance» contre Noureddine Ziani pour son engagement direct en faveur du projet d'indépendance de la Catalogne. Ce serait d'ailleurs, la principale raison qui justifie l'expulsion de Ziani. Le Marocain, qui résident dans cette région depuis 14 ans, assume à la fois la présidence de l'Union des centres culturels islamiques de la Catalogne et la direction de l'Espace catalo-marocain de la Fondation «Nous Catalans», une émanation de la CDC. Deux fonctions qui lui assurent de jouer un rôle très important dans le projet indépendantiste en faisant sa promotion auprès des communautés immigrées de confession musulmane, notamment marocaine qui représente environ 300 000 personnes. D'ailleurs, le 11 septembre 2012, plusieurs milliers de Marocains avaient participé à la grande manifestation, réunissant plus de 2 millions de Catalans, en faveur de l'indépendance de cette région. Dans son édition électronique du dimanche, le quotidien catalan La Vanguardia révèle que le Parlement européen a été saisi concernant la détention de Noureddine Ziani. L'eurodéputé de Convergence et Union (CiU) Ramon Tremosa a interpellé la Commission européenne sur cette affaire. Il y a urgence car selon l'avocate de Ziani, l'ordre d'expulsion de son client pourrait être executé demain.