Un Etat catalan indépendant est-il viable ? Le projet souverainiste d'Artur Mas, président de la Coalition Initiative pour Catalogne (CIU), est loin d'être enterré. En dépit du cuisant échec aux élections régionales de dimanche dernier, Mas persiste et signe en faisant de l'indépendance de Catalogne son objectif prioritaire. Des 62 sièges dont elle disposait au précédent parlement, la CIU n'en compte désormais que 58, soit 18 sièges de la majorité absolue. Mas est acculé à tendre la main à l'autre formation régionaliste de gauche, Ezquerra Republicana Per Catalunya (ERC), qui a remporté 21 sièges de députés, pour pouvoir disposer d'une majorité parlementaire et progresser dans son projet souverainiste. Bien que l'échec de la CIU soit apparent, Mas menace de poursuivre sa croisée contre le gouvernement central de Mariano Rajoy et pousser à l'extrême ses revendications d'un Etat catalan indépendant. Il a promis de faire de la nouvelle législature un permanent exercice de revendication du droit à un Etat propre en dépit de l'opposition du gouvernement espagnol. Il l'a rappelé, mardi, en proclamant qu'il est disposé, «pour la formation d'un gouvernement de coalition à tout négocier sauf l'abandon de son projet souverainiste». Ceci corrobore ses intentions de donner une impulsion au principe d'autodétermination pour inviter les Catalans à se prononcer sur leur futur et en même temps exercer davantage de pressions sur le gouvernement de Rajoy dans les futurs négociations concernant le budget de Catalogne. Si pour le gouvernement central, «personne n'est en mesure de retirer la Catalogne ni de l'Espagne ni de l'Europe», Mas ne cesse de proclamer que le referendum d'autodétermination se fera «dans un cadre de la légalité internationale». Il est déterminé à faire voter au parlement catalan «une loi électorale» lui permettant de disposer d'avals légaux suffisants avec l'appui d'autres formations locales pour convoquer un référendum d'autodétermination. Au fond, il existe un problème d'ordre financier et fiscal. Le gouvernement catalan, la Generalitat, a besoin d'urgence de 5,3 milliards d'euros pour combler son déficit et exiger un traitement spécial pour la Catalogne, proposition que le gouvernement rejette. La Catalogne ne peut exister hors de la carte d'Espagne et le gouvernement n'est pas disposé à permettre aux éventuels frondeurs de se rebeller contre la centralité du pouvoir à Madrid.