Les services secrets espagnols réclament depuis ce weekend l'expulsion de Nourredine Ziani, citoyen marocain. L'homme est décrit en Espagne comme un espion proche des cercles salafistes en Catalogne. Aux yeux de la loi, Nourredine Ziani est un citoyen sans histoire. Marocain de 45 ans originaire d'Oujda, il présente un casier judiciaire vierge. Depuis de nombreuses années, il est à la tête de l'une des plus importantes associations d'immigrés de Barcelone, l'Union des Centres Culturels Islamiques de Catalogne (UCCIC). Il dirige également l'espace catalo-marocain de la fondation « Nous Catalans » (nouveaux catalans en langue locale). Noureddine Ziani, qui réside en Espagne depuis 1999, avait même entamé une procédure en vue d'obtenir la nationalité espagnole. Depuis les récentes accusations qui pèsent sur lui, Ziani risque de voir sa demande rejetée. Le 3 mai, il a reçu des services secrets espagnols un ordre d'expulsion qui pourrait prendre effet dès ce mardi, s'il reçoit l'aval du gouvernement autonome de la région de Catalogne. Son expulsion s'accompagnerait selon la presse espagnole, d'une interdiction de territoire pour une durée minimum de 5 ans. Son avocate, Fátima Zohra Ainin, a saisi depuis ce samedi les instances espagnoles pour obtenir l'annulation de la procédure d'expulsion. La démarche a de faibles chances d'aboutir, car pour les services secrets espagnols, Nourredine Ziani est un «éminent collaborateur» des renseignements marocains. Proche des indépendantistes catalans Les médias et services secrets espagnols accusent Nourredine Ziani d'avoir espionné pour le compte de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), mais ses relations avec les services secrets marocains restent floues. Des subventions ont été versées à son association (l'UCCIC) par le Ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger (près d'un million de dirhams entre 2010 et 2011). Les fonds auraient servis selon le quotidien El Pais à orchestrer des «rassemblements de soutien au régime marocain», pour s'opposer aux mouvements solidaires du Polisario. Ziani aurait recruté ses sympathisants au sein de la communauté des immigrés musulmans de Catalogne. Son association fédère en effet près de 75 mosquées dans la région. Les renseignements espagnols l'accusent d'ailleurs d'avoir eu des liens étroits avec des imams radicaux. Il aurait financé des projets de construction de certaines mosquées ou étaient prêchées des idées salafistes. Des allégations dont l'accusé se défend. «Je représente le contraire de l'islam radical. Au sein de mon association il y a des femmes et des représentants de la société civile» a déclaré Noureddine Ziani aux médias espagnols. La véritable raison du grief des services secrets espagnols se trouverait plutôt dans les liens étroits qu'entretient Ziani avec les nationalistes catalans. En effet, la fondation « Nous Catalans », dont il préside l'espace catalo-marocain, est proche du parti « Convergencia i Unio » (CiU), qui dirige la région autonome de Catalogne depuis 2010 et est favorable à son indépendance. A la tête de l'une des plus influentes associations d'immigrés de la région, Ziani a d'ailleurs installé le siège de l'UCCIC au sein de la fondation Nous Catalans. Il se serait d'ailleurs dit favorable à l'avènement d'un Etat catalan, estimant qu'il améliorerait les conditions des immigrés. Une position qui fâche dans la péninsule ibérique. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les seuls soutiens déclarés à Nourredine Ziani sont venus des nationalistes catalans et basques.