Le doute subsiste toujours sur les raisons avancées par les autorités espagnoles pour justifier l'expulsion de Noureddine Ziani vendredi dernier. Des détails de son passé trouble refont surface dans les médias en ce début de semaine. Lakome fait le point. Pour les autorité espagnoles, Noureddine Ziani est un «risque pour la sécurité de l'Etat» en raison de ses affinités présumées avec les services secrets marocains et les cercles de l'islam radical en Catalogne. Il aurait même adhéré aux thèses des nationalistes catalans. Lui, continue de clamer son innocence. «Je précise que je n'appartiens ni à la DGED et je ne suis pas un militant de CIU (Convergence et Union, la coalition au pouvoir en Catalogne, ndlr) ni d'aucun autre parti politique»,a-t-il déclaré au site yabiladi.com Ziani et la DGED Ziani aurait également affirmé qu'il n'avait fait que «favoriser l'intégration» des immigrés en Catalogne. Une couverture, à en croire El Pais qui soutient que le Marocain utilisait sa position de responsable culturel pour renseigner la Direction générale des études et de la documentation (DGED) sur les activités des Marocains résidant dans la péninsule ibérique. Le but était d'éviter que ces derniers n'adhèrent aux idées extrémistes. Ses présumés rapports étroits avec des imam radicaux visaient vraisemblablement à infiltrer le milieu pour en rapporter les activités à ses supérieurs. Dans les faits, Ziani aurait tenté début 2010 de prendre la tête du Centre islamique et culturel de Catalogne. Mais aurait échoué. Au mois de juin de la même année, il aurait alors créé l'Union des centres culturels islamiques de Catalogne (UCCIC). L'instance devient rapidement influente. Elle aurait été l'interface entre Rabat et Ziani. El Pais avance pour preuve le fait que malgré son jeune âge l'UCCIC ait été choisi par le ministère des Affaires islamiques pour accueillir les imams envoyés durant le mois de ramadan. La publication ne manque pas de rappeler les importantes subventions reçues par le centre dès 2010. Ziani et les indépendantistes Ziani aurait également eu pour mission de contrecarrer la montée des idées indépendantistes ventilées par le Polisario en Espagne. Il s'en serait acquitté en organisant notamment plusieurs manifestations de soutien au Roi. Mais comment expliquer alors que le même Ziani se soit rapproché des nationalistes catalans de Convergencia i Unio (CiU) ? Pour El Pais, et d'autres médias, il s'agirait d'un jeu d'alliances. Au début 2010, la région autonome de Catalogne est dirigée par les Socialistes. CiU remporte les élections locales du 28 novembre 2010. Ziani aurait donc fait des nouveaux tenants du gouvernement autonome de Catalogne, ses nouveaux alliés, faisant entrer l'UCCIC dans le giron des nationalistes. C'est ainsi que Nourredine Ziani désormais proche de Angel Colom député de la coalition CiU, mais surtout président de la «Fundació Nous Catalans» (Fondation Nouveaux Catalans), le nomme à la tête de l'Espace catalo-marocain de ladite fondation. Ziani y transférera d'ailleurs le siège de l'UCCIC. Les liens entre Colom et Ziani seraient devenus de plus en plus étroits. Lors de la campagne en vue des élections régionales catalanes de novembre 2012, les deux hommes ont visité ensemble des mosquées. Leur discours vantait les bienfaits d'une éventuelle indépendance de la Catalogne, l'un des points du programme électoral de CiU (qui remporta l'élection). Une telle prise de position signifiait donc un divorce avec Rabat, où la question indépendantiste est elle aussi sensible. Le signe le plus patent de la rupture fut selon El Pais, la querelle qui éclata en décembre dernier entre Ziani et Ghoulam Maihcane, consul général du Maroc en Catalogne, et dont il fut longtemps l'un des bras droits. Ziani aurait donc perdu le jeu des alliances, vu qu'à ce jour il ne peut compter sur les soutiens ni de Madrid qui vient de prononcer son expulsion, ni de Rabat dont il aurait trahi la cause en s'alliant à des séparatistes.