L'adoption par l'Union européenne de nouvelles sanctions visant les infrastructures portuaires russes menace de perturber l'acheminement du charbon kazakh, dont le Maroc est devenu un important importateur depuis 2022, selon les données du cabinet Kpler. Les ports d'Oust-Louga et de Novorossiïsk, par lesquels transite une grande partie des exportations kazakhes à destination de l'Europe et du Maroc, figurent désormais parmi les infrastructures soumises aux restrictions imposées par Bruxelles. L'absence de précisions sur d'éventuelles exemptions pour les marchandises non russes suscite des interrogations parmi les opérateurs du secteur, qui redoutent des perturbations des flux commerciaux. En 2024, les importations marocaines de charbon en provenance de ces terminaux ont atteint quelque 810 000 tonnes, presque exclusivement d'origine kazakhe. Ce recours au charbon du Kazakhstan s'est accentué après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les banques marocaines ayant cessé de traiter les paiements liés aux importations de charbon russe, de crainte de sanctions américaines. Deux navires au Maroc Deux navires, le Panamax Ag Saturn et le Panamax Zheng Fan, achemineraient actuellement du charbon kazakh vers le port de Jorf Lasfar, où leur arrivée est prévue entre le 9 et le 15 mars. Toutefois, le maintien de ces flux demeure incertain, dans l'attente de clarifications sur l'application des nouvelles mesures européennes. Les sanctions imposées aux ports russes ne signifient pas nécessairement un arrêt complet des expéditions kazakhes, celles-ci pouvant être redirigées vers d'autres terminaux comme Taman. Cependant, cette réorientation impliquerait des temps de transit plus longs et des surcoûts liés au passage par le Bosphore et les Dardanelles, ce qui pourrait affecter la compétitivité du charbon kazakh face à d'autres fournisseurs. Dans l'hypothèse d'une diminution des volumes kazakhs, la demande pourrait se reporter sur des sources alternatives, notamment la Colombie, l'Afrique du Sud et les Etats-Unis, dont le charbon bénéficie déjà d'une forte présence sur le marché atlantique. Toutefois, malgré ces incertitudes, les observateurs estiment qu'une véritable pénurie de charbon en Europe reste improbable, les capacités de substitution apparaissant suffisantes pour absorber une éventuelle baisse des livraisons kazakhes.