Le Congrès des députés espagnol a opposé, jeudi 6 mars, une fin de non-recevoir à une proposition de loi pour établir une procédure exceptionnelle de régularisation des migrants. Porté par le Groupe parlementaire mixte, le texte entendait offrir une voie légale aux étrangers présents sur le territoire espagnol avant le 20 mai en simplifiant les démarches administratives et en assouplissant les exigences documentaires. La proposition suggérait l'adoption, dans un délai de six mois, d'un décret ou d'un accord du Conseil des ministres afin d'établir un cadre juridique permettant à ces migrants d'obtenir un titre de séjour régulier. Ce dispositif se voulait une réponse aux difficultés rencontrées par de nombreux étrangers pour accéder aux mécanismes de régularisation ordinaires, en raison d'un manque de documents justificatifs ou de situations de grande précarité. Un rejet politique malgré un amendement socialiste Débattu en séance plénière, le texte a suscité des réactions contrastées. Le Groupe socialiste a proposé un amendement visant à engager une discussion plus large sur le sujet, sans pour autant s'engager sur un dispositif immédiat et contraignant. Cette tentative de conciliation n'a pas suffi à emporter l'adhésion d'une majorité parlementaire, et la proposition a été rejetée à l'issue du vote. Un débat sous tension sur fond de pression migratoire Ce rejet intervient alors que l'Espagne fait face à une hausse des arrivées de migrants, notamment aux îles Canaries, principal point d'entrée pour les traversées en provenance d'Afrique du Nord. Selon les dernières données du ministère de l'intérieur, plus de 40 000 personnes ont débarqué sur les côtes espagnoles en 2024, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes. Le gouvernement, soucieux de ne pas raviver les tensions politiques sur un sujet hautement sensible, maintient une position prudente. Si certaines voix plaident pour une approche plus souple, d'autres insistent sur la nécessité de préserver le contrôle des flux migratoires dans un contexte où la coopération avec les pays de départ demeure un enjeu central. Malgré ce revers législatif, le débat sur la régularisation des migrants en Espagne reste ouvert. Les associations de défense des droits des étrangers exhortent l'exécutif à reprendre les discussions, estimant que la situation actuelle plonge des milliers de personnes dans une précarité insoutenable.