Pour que ce plan déploie toute sa puissance, l'IATA a souligné trois priorités stratégiques à l'intention des autorités marocaines. C'est avec des accents de satisfaction que l'Association internationale du transport aérien (IATA) a salué la «stratégie aéroportuaire 2030» portée par le Maroc. Ce plan d'envergure entend refaçonner le paysage aéroportuaire national, étoffer l'expérience des voyageurs et élever le pays au rang de pôle aérien majeur, au croisement de l'Afrique, de l'Europe et des Amériques. L'aérien s'est imposé, au fil des années, comme l'un des fondements de la prospérité marocaine. En 2023, l'ensemble du secteur – transport et tourisme associés – a fait vivre près de 856 000 personnes et représenté 7,9 % du produit intérieur brut, soit l'équivalent de 11,2 milliards de dollars. Les flux qui traversent le ciel marocain témoignent de cette vocation internationale : 93 % des passagers ayant emprunté les terminaux du Royaume l'an passé (11,7 millions de voyageurs) s'envolaient vers des destinations étrangères. Le fret, lui, a atteint quelque 78 000 tonnes, preuve supplémentaire du rôle central du Maroc dans les échanges régionaux et globaux. «L'essor spectaculaire de l'aviation marocaine – une progression de 68 % sur la dernière décennie – requiert aujourd'hui une vision à long terme, articulée autour d'investissements réfléchis. Le Maroc, en peaufinant ses infrastructures aéroportuaires, s'offre les moyens de soutenir son développement économique et social. Les compagnies aériennes se tiennent prêtes à accompagner cette ambition, sous réserve d'une vigilance accrue sur la soutenabilité financière des projets engagés», souligne Kamil Al-Awadhi, vice-président régional de l'IATA pour l'Afrique et le Moyen-Orient. Une feuille de route aux contours exigeants Trois axes majeurs émergent de cette stratégie pour garantir, selon l'IATA, un déploiement à la hauteur des enjeux. Le premier s'attache à la modération des coûts. Il s'agit d'assurer un juste équilibre des redevances et des charges pesant sur les compagnies et les passagers, gage d'un réseau aérien accessible et concurrentiel. L'IATA plaide ici pour une concertation approfondie avec les acteurs du secteur et une gouvernance conforme aux standards internationaux. Le second pilier repose sur l'investissement dans le facteur humain. Moderniser les infrastructures, sans œuvrer parallèlement à la formation d'une main-d'œuvre hautement qualifiée, priverait le pays de l'élan attendu. Ce renforcement des compétences, condition sine qua non de la réussite du projet, permettra d'accompagner durablement la montée en puissance du secteur. Enfin, l'organisation avertit contre la tentation d'une transposition mécanique de législations étrangères. «Le Maroc ne doit pas céder aux sirènes de réglementations importées d'Europe ou d'Amérique du Nord, souvent déconnectées de ses réalités propres. Le futur cadre encadrant les droits des passagers gagnerait à s'inscrire dans une approche mesurée, fidèle aux équilibres du secteur et aux normes internationales», prévient l'IATA. Un horizon mondial, entre ambition et prestige En filigrane, la Coupe du monde de football de 2030, que le Maroc coorganisera avec l'Espagne et le Portugal, confère à cette stratégie une résonance particulière. À l'heure où Rabat se prépare à accueillir des foules venues du monde entier, l'aviation se voit assigner un rôle de premier plan dans cette projection internationale. «Le Maroc s'apprête à se dévoiler sous son meilleur jour devant la planète entière. Il dispose désormais d'une occasion rare d'illustrer son rôle croissant dans la connectivité entre les continents», conclut Kamil Al-Awadhi. Au-delà de l'événement sportif, le Maroc trace les lignes d'une ambition plus vaste : devenir l'un des nœuds aériens incontournables du XXIe siècle.