22 détenus français au Maroc, dont près de 7 sont d'origine marocaine, ont entamé, aujourd'hui, une grève de la faim, en amont de la visite de François Hollande, au Maroc, les 3 et 4 avril. Objectif : obtenir notamment leur transfert dans les prisons françaises. Pourquoi la France s'est-elle mobilisée pour sortir Florence Cassez des prisons mexicaines et nous abandonne au Maroc ?, s'interrogent 22 ressortissants français, emprisonnés au Maroc, à l'approche de la visite de François Hollande au Maroc, les 3 et 4 avril.Mostafa Naïm, détenu Lyonnais d'origine marocaine est l'un d'eux. Il participe à la grève de la faim, à durée indéterminée, débutée aujourd'hui, lundi 1er avril, organisée par 22 détenus français au Maroc, dont un tiers a la double nationalité franco-marocaine, comme lui. «Suite aux arrestations abusives dont nous avons été victimes, la majorité d'entre nous a été torturée. […] Face au silence coupable des autorités marocaines et à la frilosité de la France, nous voyons dans cette grève de la faim l'ultime chance de faire entendre notre désespoir lors de votre venu Mr Le Président», déclate le communiqué de presse des grévistes à l'adresse de François Hollande. Torturé pendant 10 jours Mustapha Naïm a été victime d'une arrestation hors de toute légalité : arrêté à Algésiras, en Espagne, pendant ses vacances, parce qu'il portait le même nom qu'une personne poursuivie au Maroc, il est embarqué par des hommes en civils qui le ramènent au Maroc, probablement à Temara, et le torturent pendant une dizaine de jour pour obtenir des aveux. Condamné à 5 ans de prison, en appel, pour association de malfaiteurs, il espère être transféré en France. «Il y a 6 mois je vous aurai dit que c'était imminent, mais il y a eu des blocages», indique son avocat, en France, François Heyraud. Par leur grève de la faim, les 22 détenus Français demandent leur transfèrement rapide en France, et la révision des procès des détenus innocents. «La moitié d'entre eux reconnaît sa culpabilité, l'autre s'estime innocente, mais cela n'exclut pas, dans tous les cas, les tortures et les mauvaises conditions de détention», détaille la famille de Mustapha Naïm jointe par téléphone, en France, ce matin. Ils demandent également un réel soutien des autorités consulaires, l'intervention de la France pour les respects des accords bilatéraux et la poursuite en justice des auteurs des tortures. Mobilisation de l'intérieur Leurs revendications ont été formulées au terme de discussions entre Français. «Ils ont fait connaissance entre prisonniers et essayent de se mobiliser de l'intérieur», raconte la famille de Mustapha Naïm. Cette mobilisation et la médiatisation qui l'accompagne a pour objectif d'atteindre François Hollande lors de sa visite au Maroc. L'avocat de Mustapha Naïm espère qu'un journaliste interpellera le président de la république française à propos de cete grève de la faim. La publicité faite autour des prisonniers français, les protège et les rend en même temps plus vulnérables. D'une part, il devient difficile pour l'administration marocaine d'agir sans que les médias soient au courant. D'autre part, elle est d'autant plus tentée de punir ceux qui la pointe du doigt. «Son transfert, en août, de la prison d'Oukacha, de Casablanca, à celle de Salé 2, près de Rabat, il la doit à son coup de gueule, quelques temps auparavant», explique la famille de Mustapha.