Arrêté en terre espagnole par les services secrets marocains, séquestré et torturé pendant 10 jours méconnus dans le procès-verbal, accusé de trafic de stupéfiants sans preuves, autant d'éléments peu cohérents qui amènent les proches de Mustapha Naïm à s'interroger. Le maire de Vaulx-en-Velin, l'avocat, la famille et les amis de Mustapha demande des éclaircissements aux autorités judiciaires marocaines. Mustapha Naïm a été transféré à Tanger où a lieu ce mercredi 14 mars son procès en appel. Incarcéré à la prison d'Oukacha à Casablanca depuis 17 mois, ce Franco-marocain a été condamné à huit ans de prison fin 2011 pour trafic de stupéfiants. Arrêté en compagnie de son épouse au port d'Algésiras le 1er novembre 2010 par les services secrets marocains alors qu'il rentrait en France après des vacances au Maroc, Moustapha Naïm clame son innocence. Contacté par Yabiladi, le maire de Vaulx-en-Velin, Bernard Genin, attend des explications de la justice marocaine sur cette arrestation aux multiples zones d'ombre jusqu'ici jamais éclaircies. «Pour moi les choses sont très claires, affirme M.Genin. […] Nous n'avons en aucun cas à commenter le dossier lui-même. Tout comme son comité de soutien, nos seules interrogations portent sur les conditions de son arrestation. Il a été arrêté le 1er novembre, mais les documents officiels mentionnent le 11 novembre. Que s'est-il passé entre ces deux dates ? s'interroge-t-il. Il a été maltraité et torturé. En plus qu'il ait été arrêté sur le sol espagnol par des marocains, tout cela nous semble bizarre. Nous demandons à la justice marocaine de faire son boulot». François Heyraud, l'avocat de Mustapha Naïm réitère lui aussi : « Entre le 1er novembre et le 10 novembre, nous avons perdu la trace de Mustafa Naïm. A aucun moment, il n'a été remis par les autorités espagnoles aux autorités marocaines. Nous voulons savoir ce qui s'est passé pendant ces dix jours », explique l'avocat. «J'ai interpelé le consul du Maroc par rapport aux conditions d'arrestation. J'ai également interpellé le ministère français des Affaires étrangères parce que cette personne [Mustapha Naïm, ndlr] est Française. Et il est de la responsabilité de l'Etat de s'assurer que les droits sont respectés vis-à-vis de ses ressortissants, explique M. Genin. Pour l'instant, je n'ai pas encore de réponses ni du ministère des affaires étrangères, ni du consul, je vais les relancer». Soutien renforcé Son comité de soutien a tenu un sit-in hier mardi devant le consulat du Maroc à Lyon, pour réclamer une action des autorités marocaines qui sont restées muettes sur le sujet depuis sa médiatisation. La famille, les amis et l'avocat de Mustapha se sont mobilisés. «Depuis 17 mois, nous vivons dans l'angoisse. Nous avons des questions mais aucune réponse des autorités marocaines. […] Mon mari est innocent. On ne comprend rien à cette histoire », confie son épouse Nora à 20Minutes. « On ne défend pas son innocence dans cette affaire de trafic. On demande des éclaircissements sur son arrestation », explique Vanessa Seppa, élue Vaudoise et membre du comité de soutien. Le consul du Maroc à Lyon, dit avoir fait tout ce qui est en sa capacité. «J'ai reçu la maman et l'épouse à deux reprises. Je les ai écouté J'ai fait mon boulot, j'ai relayé l'information auprès du ministère de la Justice au Maroc», déclare-t-il à Yabiladi. Au ministère de la Justice au Maroc, silence radio. «Nous n'avons pas le dossier On n'a que la partie administrative ici au ministère. Il faut contacter le procureur général à Tanger», indique à Yabiladi l'adjoint au directeur des affaires pénales. Le procureur général du Roi à Cour d'appel de Tanger était en réunion pendant la matinée, a-t-on appris auprès de son secrétariat. En attendant une réaction de la part des autorités judiciaires marocaines, le comité continue de mener des actions. Une délégation souhaite partir au Maroc pour le soutenir pendant le procès, indique à Yabiladi Vanessa Seppa. Dans les prochains jours, un match de football de solidarité sera organisé en faveur du jeune Lyonnais. Outre cela, une page Facebook a été créée pour renforcer le soutien sur la toile. Télé Lyon Métropole était sur le lieu du sit-in