Le ministère algérien des affaires étrangères (MAE) a ordonné à l'ensemble de son personnel diplomatique, ainsi qu'à leurs familles, de s'abstenir de tout séjour en France, fût-il touristique ou privé, et ce, jusqu'à nouvel ordre, selon une directive interne dont Le Monde Afrique a révélé l'existence. Le document, daté du 13 mars, proscrit également le passage par les aéroports français, précisant «le caractère impératif et strict de cette consigne», dont le non-respect pourrait donner lieu à des sanctions disciplinaires. Un nouvel épisode dans l'escalade diplomatique Cette interdiction incarne la détérioration croissante des relations entre Alger et Paris. Elle répond aux restrictions récemment décrétées par le ministère français de l'Intérieur, dirigé par Bruno Retailleau, à l'encontre des détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Cette mesure s'insère dans une «riposte graduée» engagée par la France après le refus d'Alger d'accueillir une soixantaine de ses ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF), bien qu'ils disposent de passeports biométriques algériens. Les tensions bilatérales, déjà exacerbées par l'alignement historique de Paris sur la position marocaine au sujet du Sahara, ont été alimentées ces derniers mois par plusieurs affaires sensibles, dont l'incarcération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison ainsi que la multiplication de discours hostiles à la France dans certains cercles radicaux proches du pouvoir algérien.