C'est pour dénoncer leurs conditions de détention et exiger le soutien des consulats européens au Maroc qu'une quarantaine de détenus binationaux et européens mènent depuis hier une grève de la faim dans les geôles marocaines. Pour l'administration pénitentiaire marocaine, il n'y a aucune grève de la faim actuellement menée dans ses prisons. Depuis hier lundi 22 octobre, une quarantaine de détenus binationaux franco-marocains, en majorité, et européens - n'ayant pas la nationalité marocaine – et emprisonnés dans plusieurs prisons au Maroc, sont en grève de la faim et ce pour une durée de trois jours, rapporte Ouest France. Le journal français cite un communiqué de presse émanant de l'ONG française l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture et des exécutions capitales (ACTAT) soutenant ces mouvements de grève. 48 détenus en grève de la faim Contactée ce matin par Yabiladi, Hélène Legeay responsable des programmes ACTAT pour le Maghreb et Moyen Orient, nous informe qu'il y a au total 48 grévistes à l'heure actuelle, d'après leurs tous derniers chiffres. «30 sont détenus à Tanger, une dizaine à Salé 1, un seul à Salé 2, deux à Berrechid, deux à Casablanca, deux à Mohamédia et un à Larache», liste Hélène Lejay. Il pourrait y avoir plus de détenus en grève de la faim car l'ONG ne connait pas encore le nombre de grévistes dans les prisons de Fès et Tétouan. Les détenus font la grève pour dénoncer leurs conditions de détention, évoquant notamment des cas de maltraitance physique ou des passages à tabac lorsque par exemple l'un d'entre eux entre en contact avec la presse ou associations des droits de l'homme. Ils dénoncent également la manière dont ils ont été jugés et exigent un procès équitable, ils demandent aussi l'assistance d'avocats étrangers de leur pays européen d'accueil ou déplorent le manque de soutien des chancelleries étrangères au Maroc. Hélène Legeay rappelle qu'un franco-marocain se faisant arrêter au Maroc sera jugé comme un citoyen marocain et que cela peut créer des freins pour que la chancellerie française intervienne dans le dossier craignant d'interférer dans le processus judiciaire. L'administration pénitentiaire nie en bloc Si aujourd'hui ACTAT, dont le siège est situé à Paris est au courant de ces mouvements de grève dans les prisons marocaines, c'est parce que l'ONG suit depuis plusieurs années deux dossiers de deux franco-marocains qui ont été arrêtés au Maroc, l'un en 2008 et l'autre en 2010, l'un pour trafic de drogue et l'autre pour association de malfaiteurs. Ce sont ces même franco-marocains qui ont signalé les mouvements de grève à l'ONG française. Ces derniers sont aujourd'hui détenus dans des prisons marocaines et ont contacté ACTAT pour leur venir en aide. Clamant leur innocence, les deux franco-marocains se sont plaints de tortures quelques heures après leur arrestation. «Ce qui nous préoccupe nous, ce sont leurs allégations de torture. On essaie donc de faire des recours pour que leurs tortionnaires soient jugés, on a envoyé des plaintes au Haut Commissariat des Droits de l'Homme pour tenter de leur venir en aide ou pour qu'ils puissent être transférés dans une prison en France», poursuit-elle. Par contre, Hélène Legeay n'a pas souhaité donné plus de précisions sur la manière dont les deux prisonniers ont communiqué avec l'ONG pour les avertir des grèves de la faim. De son côté, l'administration pénitentiaire marocaine nie en bloc que ces détenus mènent actuellement une grève de la faim. D'après Ouest France, elle «juge les accusations des prisonniers fallacieuses, assurant que «les conditions de leur détention sont normales». Un démenti qui ne surprend pas ACTAT.