A Tanger, comme à Tiflet ou encore à la prison centrale de Kénitra, les détenus salafistes mènent une série de mouvements de grève et de protestations pour dénoncer les transferts et les méthodes de l'administration pénitentiaire, qu'ils jugent humiliantes. Onze détenus salafistes à la prison de Tanger entament, depuis ce 31 décembre, une grève de la faim illimitée pour dénoncer leurs conditions de détention. D'autre part 56 détenus de la même mouvance à la prison de Tifelt transférés le mois d'octobre de la prison centrale, ont appelé dans un communiqué à une enquête sur ce qu'ils appellent le « nouveau Guantanamo ». Dans la même lignée, on apprend que le pavillon qui abrite les détenus de la Salafia jihadia à la prison centrale de Kénitra, est depuis le 28 décembre, sous tension. Dimanche soir, un tuyau d'un poste de secours anti-incendie avait éclaté et inondé la cellule N°5 qui abritait quatre détenus. Suite à cet incident, l'administration avait rendu coupables les détenus salafistes qu'elle a transférés au cachot. Dans la même prison, les dernières pluies ont aussi aggravé les conditions de détentions, plusieurs bâtiments souffrent de fissures qui laissent passer à travers les murs l'eau des pluies, en plus des canalisations bouchées qui ont commencé à déverser les eaux usées dégageant des odeurs nauséabondes. D'autre part, 10 salafistes transférés de la prison de Tanger, continuent toujours leur grève de la faim pour y retourner. Parmi ce groupe, figurent deux Belgo-Marocains, Mohamed Reha et Mohamed Zemmouri, condamné dans une affaire d'acheminement de jihadistes vers l'Iraq. Mardi 21 décembre, un groupe de 74 détenus de la Salafia jihadia en grève de la faim à la prison centrale de Kénitra depuis le 6 novembre, avait décidé de mettre fin à la grève, alors que le groupe des 26 qui compte les adeptes de l'excommunion est toujours en grève. Selon des sources concordantes, l'arrêt de la grève du premier groupe a été décidé après une visite d'une commission de la délégation générale des prisons aux grévistes et qui a donné le feu vert à l'administration pour répondre aux revendications des grévistes, sauf l'isolement intime et l'utilisation de poêles à gaz dans les cellules. Le 28 décembre, la coordination des familles des détenus islamistes avait envoyé une lettre à Hafed Benhachem, délégué général des prisons, afin de garantir les conditions sanitaires nécessaires dans le nouveau pavillon. Les détenus islamistes menaient une grève de la faim illimitée, pour protester contre les transferts et les méthodes humiliantes utilisées par l'administration pénitentiaire. Ce mouvement a été déclenché pour protester contre le transfert obligatoire des détenus salafistes en les éloignant de leurs familles, la saisie des paquetages personnels des détenus par les gardiens, l'interdiction de la promenade et celle de laver et étendre le linge. Les salafistes protestaient également contre l'interdiction d'accès aux journaux, aux publications et aux médias audiovisuels. D'autre part les grévistes de la faim demandaient une enquête officielle, sur le transfert collectif du 9 octobre et la restitution des droits des détenus. Pour rappel, le 9 octobre dernier, la Délégation générale de l'Administration pénitentiaire avait procédé à l'aube, au transfert d'une centaine de prisonniers salafistes, vers la prison de Tifelt nouvellement construite, ainsi que vers un nouveau bâtiment à la prison centrale de Kénitra. 15 détenus salafistes ont été transférés de la prison de Fès, 14 de la prison de Tanger, 18 de la prison Toulal de Meknès et deux de la prison de Benslimane. Les salafistes de la prison centrale de Kénitra qui occupaient les pavillons A et B, ont été transférés dans le nouveau bâtiment récemment construit. Une centaine d'autres détenus salafistes ont été transférés de la prison d'Oukacha, d'El Jadida et de Benslimane vers ce nouveau bâtiment.