Au vu de la succession de publications portant atteinte à l'image des victimes du séisme au Maroc, particulièrement les mineurs parmi eux, plusieurs associations ont rappelé le principe de protection des enfants, surtout dans les zones sinistrées, notamment contre l'exploitation sexuelle et la traite. Jeudi, certains signalements ont donné lieu à des arrestations. La police judiciaire d'Errachidia a indiqué avoir interpellé, jeudi, un étudiant de 20 ans impliqué dans la diffusion de messages sur les réseaux sociaux, menaçant de commettre des agressions sexuelles sur les mineures des zones touchées par le tremblement de terre au Maroc, survenu la semaine dernière et ayant fait près de 3 000 morts. Le mis en cause fait partie de plusieurs auteurs de publications, à travers lesquelles certains internautes adultes ont fait l'apologie du mariage des petites filles issues des provinces sinistrées. Dans l'annonce de cette interpellation, la Sûreté nationale a indiqué enquêter sur d'autres cas similaires. Cette opération intervient alors que la Commission nationale chargée de la coordination des mesures de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains (CNCLT) a réagi, quelques heures plus tôt, aux signalements via son numéro vert concernant les mineurs de ces régions-là. Dans un communiqué, l'instance gouvernementale a confirmé qu'«un ensemble de publications, messages, photos et conversations circulant sur les réseaux sociaux dans le cadre de campagnes de solidarité avec les victimes du tremblement de terre» ont attiré son attention, en raison de leur «contenu offensant spécifique aux enfants et aux femmes sinistrées». Ces contenus incitent bel et bien à «des actions entrant dans la catégorie des crimes et délits punis en vertu de la loi 27.14 relative à la traite des êtres humains, ce qui expose les auteurs à de lourdes peines», affirme la CNCLT. Dans le cadre de ses attributions et de ses prérogatives, en vertu de l'article 7 de ce texte et «notamment en ce qui concerne le suivi des cas de traite des êtres humains, ainsi que la proposition de diverses formes de coordination entre les autorités compétentes», la CNCLT a indiqué avoir renvoyé ces cas observés aux autorités judiciaires compétentes pour mener les actions adéquates. A cet effet, le Comité national a appelé chacun à informer sur «tous les cas possibles de traite des êtres humains, au numéro vert de signalement des victimes potentielles : 0800004747». Assurer la scolarité des filles et des garçons sinistrés Par ailleurs, la CNCLT notre que toute notification de cas en dehors de ce cadre doit être adressée aux autorités compétentes, afin d'assurer une gestion optimale du mécanisme mis à la disposition du public faciliter le signalement de cas réels de victimes potentielles qui nécessitent une interaction immédiate. Contactée par Yabiladi à ce sujet, la présidente d'honneur de l'association Insaf, Meriem Othmani, a insisté sur l'importance cruciale de l'accompagnement des enfants sinistrés, notamment les petites filles, de manière à assurer la continuité de leur scolarité après le tremblement de terre, pour leur éviter des devenir les proies de parties profitant de leur extrême vulnérabilité. L'ONG, qui assure le suivi de bénéficiaires de ses programmes notamment dans les provinces touchées par le séisme, propose d'ailleurs une aide spécifique. Celle-ci inclut l'acheminement quotidien de dons en nature, parallèlement à la récolte de fonds pour assurer leur accompagnement à moyen terme, tout en contribuant aux efforts de reconstruction. «Nous rétablissons le contact avec nos filles dans la région après le séisme, tout en leur apportant de l'aide de toute nature. Jeudi matin, nous avons appris que l'une d'elles est malheureusement décédée à la suite du séisme, paix à son âme. Nous restons très vigilants et veillons à ne laisser aucun prédateur s'en prendre à nos bénéficiaires. Insaf va d'ailleurs sensibiliser pour prévenir des prédateurs sexuels, mais aussi des escrocs qui détournent les donations ou qui abusent de ces situations.» Meriem Othmani, Insaf «Ne pas briser la chaîne de solidarité» Meriem Othmani estime que «ces situations existent malheureusement partout dans le monde, lorsque des drames de cette ampleur se produisent», d'où «l'importance de rester alerte, de dénoncer les mis en cause et de prévenir contre les pratiques d'exploitation» dans ces circonstances. La présidente d'honneur de l'association Insaf souligne, cela dit, que «nous avons vu ici beaucoup de bienveillance autour des enfants, filles et garçons, dans les régions touchées par le sinistre». «Les cas d'abus sont dénoncés et face à cela, nous assistons à beaucoup de belles actions qui sont lancées pour ces enfants. Nous espérons que cet élan de solidarité saine et que cette chaîne de soutien spontanée à l'échelle nationale ne soient pas ternies par les prédateurs qui doivent évidemment être éloignés de leurs victimes potentielles.» Meriem Othmani, Insaf Pour sa part, un collectif de huit associations a alerté sur des pratiques «dangereuses, dégradantes pour la dignité humaine et l'éthique de l'aide humanitaire», à travers les images de «petites filles à qui le mariage est proposé». Les organisations signataires de cette déclaration parvenue à Yabiladi ont préconisé de «ne pas publier de photos d'enfants, garçons et filles sur les réseaux sociaux». Elles appellent, en outre, à «la nécessité d'encadrer l'aide aux enfants sinistrés» afin de les «protéger de tous ceux qui profitent des drames de la population» touchée par le séisme.