Dans un article publié par l'APS, l'Algérie accuse le Maroc et «ses lobbys en Europe» d'être à l'origine de la résolution du Parlement européen, adoptée le 11 mai dernier. Le pouvoir algérien est très remonté contre la résolution du Parlement européen, adoptée jeudi 11 mai par une écrasante majorité, condamnant les détentions de journalistes en Algérie. Comme à l'accoutumé, l'agence de presse algérienne (APS) s'est empressée de pointer du doigt le Maroc. «Ce parlement qu'on a vu blêmir à l'idée de pondre une résolution pour condamner les atteintes aux droits de l'Homme au Maroc, une seule en 25 ans, se voit-il aujourd'hui contraint d'attaquer l'Algérie pour rassurer les réseaux internes du Makhzen au PE ? Faut-il rappeler que le parlement européen a enterré le projet de résolution sur la situation des journalistes au Maroc, notamment Omar Radi, invoquant malicieusement un vice de procédure tiré par les cheveux», déplore l'agence officielle algérienne. «Cette résolution du Parlement européen contre l'Algérie ne rassure pas sur l'état de cette institution qui au lieu de chercher à satisfaire les obsessions de nuisance de ses protégés et qui peine à se débarrasser des retombées du scandale "Marocgate", devrait s'inquiéter d'abord des souffrances des peuples opprimés et martyrisés», dénonce l'APS. Accuser le Maroc, constante de la politique algérienne Et de conclure en évoquant ouvertement la question du Sahara occidental. «Si ce Parlement souhaite vraiment gagner en estime, il devrait être aussi intransigeant pour protéger les peuples sahraoui et palestinien qui souffrent d'injustice et de manque de considération. Mais malheureusement, ces peuples n'ont pas les moyens de se payer des réseaux au sein du Parlement européen». Pour rappel, les médias algériens avaient salué en choeur la résolution du 19 janvier du PE réclamant aux autorités marocaines de libérer les journalistes détenus. Ils s'étaient également félicités de la décision des eurodéputés, du 18 février, interdisant l'accès des représentants marocains à l'hémicycle européen. Pointer du doigt le Maroc et ses soutiens comme étant à l'origine de tous les déboires du pouvoir algérien, aux niveaux national et international, est une constante. Au lendemain de l'exfiltration vers la France de l'opposante Amina Bouraoui, en février 2023, l'APS avait pointé «certains responsables au niveau de la DGSE, du quai d'Orsay et certains conseillers franco-algériens qui ne cachent pas leur amour et leur vénération pour le makhzen» comme étant à l'origine de l'opération. Suite à la publication, en décembre 2021, par la Banque mondiale d'un rapport sur la pauvreté en Algérie, la même APS n'a trouvé mieux pour se défendre que d'accuser l'institution financière internationale de couvrir «les vrais chiffres de la pauvreté au Maroc». Dans une analyse sur l'état des relations franco-algériennes lors d'une interview accordée en février 2020 au quotidien Le Figaro, le président Abdelmadjid Tebboune avait accusé «un autre lobby dont toute la politique repose sur l'endiguement de l'Algérie, et qui est présent en France», en clin d'œil aux partisans du Maroc. Le même scénario a été constaté lors des incendies ayant frappé les forêts de la Kabylie en été 2021 et actuellement avec la campagne médiatique contre «les drogues provenant du Maroc».