Avec le Maroc et l'Algérie, le président français se voit en «Sisyphe heureux» qui ne désespère jamais de tenter de se réconcilier avec les deux pays maghrébins. Devant les médias, Emmanuel Macron a tenté de blanchir son gouvernement de toute responsabilité dans les tensions avec Rabat et Alger, renvoyant la balle dans le camp de parties inconnues. A la veille d'une tournée en Afrique centrale, le président français a animé, lundi 27 février et depuis le palais de l'Elysée, une conférence de presse consacrée aux relations, tumultueuses ces derniers temps, entre son pays et ses anciennes colonies africaines. Les liens tendus avec le Maroc et l'Algérie se sont invités au point de presse. Emmanuel Macron a fait le parallèle entre ses actions et celles de Sisyphe. Ce héros de la mythologie grecque, connu pour son châtiment, consistant à pousser une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle finit toujours par retomber. Faisant reférence au livre d'Albert Camus, grand écrivain français né en Algérie, il a dit souhaiter «voir un Sisyphe heureux. C'est le rôle d'un président français quand il s'agit de la région». Un message, accompagné d'un sourire, sur sa détermination à tenter de recoller les morceaux des relations avec les deux principaux pays au Maghreb. «Ma volonté est vraiment d'avancer avec le Maroc. S.M. Le Roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales et elles le demeureront. (Mais) il y a toujours des gens qui essaient de monter en épingle des péripéties, des scandales au Parlement européen, des sujets d'écoute qui ont été révélés par la presse», a-t-il affirmé. La faute à des parties inconnues «Est-ce que c'est le fait du gouvernement de la France ? Non ! Est-ce que la France a jeté de l'huile sur le feu ? Non ! Il faut avancer malgré ces polémiques mais enfin sans en rajouter», a-t-il souligné. Pour rappel, Lahcen Haddad, président de la Commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne (UE), avait ouvertement accusé l'eurodéputé français Stéphane Sejourné, président du groupe Renew, très proche de Macron, d'être l'artisan de la résolution adoptée par le Parlement, le 19 janvier, appelant à la libération des journalistes détenus au Maroc. Lors de sa conférence de presse, le président français a éludé la question sur la date de sa visite au royaume, annoncée pourtant en janvier puis repoussée en février. Sur les relations tendues avec l'Algérie, Emmanuel Macron a renvoyé la responsabilité des tensions à des parties inconnues, comme pour le Maroc. «Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont des intérêts à ce que nous faisons depuis des années avec l'Algérie, ne réussisse pas», a-t-il indiqué. La France est en crise ouverte avec ses deux principaux partenaires maghrébins : le Maroc et l'Algérie. Les deux pays n'ont plus d'ambassadeurs à Paris. Rabat a mis officiellement fin, le 19 janvier, aux fonctions de Mohamed Benchaaboun en sa qualité d'ambassadeur du royaume en France. Dans le sillage de l'exfiltration via la Tunisie de l'opposante franco-algérienne Amira Bouraoui vers la France, Alger a rappelé pour consultations, le 8 février, son ambassadeur à Paris.