La semaine dernière, l'Union européenne a exprimé son «opposition à tout type de mesures coercitives appliquées à l'encontre d'un Etat membre de l'UE». Un message adressé à l'Algérie. Hier le président Tebboune a justifié les sanctions prises par son pays contre l'Espagne qui, selon lui, a commis un «acte inamical» à l'égard de l'Algérie et non à l'endroit du Polisario. Hier dans une interview accordée à des médias locaux, le président algérien a qualifié de «faux pas» le soutien de Pedro Sanchez au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental, pris le 14 mars 2022. Abdelmadjid Tebboune a pointé un «acte inamical» à l'égard de l'Algérie et non à l'endroit du Polisario. Une décision contre laquelle l'Algérie avait riposté par le rappel pour consultations de son ambassadeur à Madrid et la suspension du traité d'amitié et de bon voisinage avec l'Espagne signé en novembre 2022. «Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu'elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies», avait dénoncé, en juin dernier, la présidence algérienne dans un communiqué. Pour sa part, l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers d'Algérie avait arrêté les paiements à destination et en provenance de l'Espagne. «Le traité d'amitié avec l'Espagne est gelé» «Personnellement, je suis profondément désolé de l'état des relations avec l'Espagne. L'Algérie n'est pas à l'origine de la crise» dans les relations entre les deux pays, a souligné Abdelmadjid Tebboune. Le chef d'Etat a indiqué que «pour le moment, le traité d'amitié avec l'Espagne est gelé à cause d'un acte inamical» du gouvernement de Pedro Sanchez. Tebboune a tenu, par ailleurs, à souligner que «le peuple espagnol n'a rien à voir. Nous avons de très bonnes relations avec lui. Nous avons un grand respect pour le roi d'Espagne et il le sait. Pour d'autres organismes, nous continuons à travailler avec eux». La semaine dernière, le ministère espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme a invité les entreprises espagnoles opérant en Algérie, et lourdement affectées par les mesures prises par le gouvernement algérien, à quitter le pays. Des sanctions que réprouve l'Union européenne. En témoignent les déclarations à la presse ibérique faites par le directeur général adjoint de la Direction générale pour le commerce à la Commission européenne, Denis Redonnet, lors d'une visite à Valence. «Les mesures prises par les autorités algériennes sont très préoccupantes, non seulement en Espagne, mais aussi au sein de l'UE, car elles affectent la politique commerciale commune», a-t-il déploré. Une position immédiatement dénoncée par les autorités algériennes qui ont accusé Bruxelles d'entretenir «sciemment la confusion entre les dimensions politique et commerciale» de la crise entre l'Algérie et l'Espagne. «L'attitude obstructionniste» du gouvernement espagnol sur le dossier du Sahara «bloque l'adoption des priorités du partenariat, négociées et finalisées depuis de nombreux mois, dans le cadre de la politique européenne de voisinage», a estimé sous couvert d'anonymat un haut cadre au ministère algérien des Affaires étrangères dans une déclaration à l'APS, reprise par les médias locaux. Pour rappel, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait affirmé que «chaque fois que nous détectons une opération bloquée, nous continuons à l'envoyer à la Commission européenne, car la politique commerciale est une politique commerciale commune. C'est l'UE qui a les instruments, tant pour le dialogue que pour la réponse, et il y a des contacts entre les autorités européennes et algériennes». L'Espagne occupera au deuxième semestre de cette année la présidence tournante de l'Union européenne. Pedro Sanchez prévoit de réunir, dans un sommet, les pays de l'UE et ceux de la rive sud de la Méditerranée.