Si les deux pays ont oublié leurs tensions diplomatiques pour s'accorder à expulser à chaud des migrants marocains arrivés à la nage à Ceuta, un groupe de Marocains bloqués depuis mars 2020 dans la ville espagnole attend toujours son rapatriement. Moins de deux jours après qu'une centaine de jeunes ont réussi à contourner les brise-lames de la zone frontalière de Ceuta après avoir nagé depuis Fnideq, le Maroc et l'Espagne semblent avoir laissé les tensions diplomatiques de côté, pour procéder à l'expulsion à chaud de ces migrants irréguliers. Des sources médiatiques ont ainsi assuré, lundi, que les autorités de la Préfecture de M'Diq-Findeq et celles Ceuta, ont décidé d'ouvrir la frontière fermée depuis mars 2020 à cause de la pandémie du nouveau coronavirus pour expulser un premier groupe de 30 Marocains arrivés dans la ville espagnole le weekend par la nage. Les mêmes sources ont révélé que les migrants ont ainsi été expulsés par le point de passage de Bab Sebta lundi soir, en précisant que les autorités de la préfecture de M'Diq-Findeq ont mobilisé des équipes médicales et administratives pour accueillir ces migrants. ««Les Marocains ont été accueillis dans de très bonnes conditions et seront libérés dès la fin des démarches légales et administratives», assure-t-on. Ce mardi, un autre groupe de 23 Marocains ont été renvoyés au Maroc ce mardi dans un bus. «Le mécanisme a été convenu entre les deux Etats», précise le gouvernement espagnol, écrit le correspondant de l'agence EFE au Maroc sur son compte Twitter. De los 150 jóvenes llegados a nado a Ceuta, 23 han sido devueltos hoy a #Marruecos en un autobús. El mecanismo ha sido "pactado entre los dos Estados", dice el gobierno español. pic.twitter.com/kqVtHlWWlA — Javier Otazu (@otazuelcano) April 27, 2021 Des Marocains bloqués attendent toujours à Ceuta D'ailleurs, la DGSN a confirmé cette dernière information, en annonçant l'ouverture d'une enquête pour identifier l'ensemble des personnes impliquées dans l'organisation d'une opération collective d'émigration illégale via les voies maritimes, depuis le large de Fnideq. Des sources affirment que ce «couloir migratoire» pourra rester ouvert jusqu'à l'expulsion de l'ensemble des 150 jeunes qui ont nagé jusqu'à Ceuta depuis samedi. Bien que le mécanisme permettant de renvoyer à chaud ces migrants marocains diffère de celui concernant le rapatriement des ressortissants marocains en temps de crise en général, la réactivité des autorités marocaines et espagnoles, la rapidité de l'action et son timing contrastent toutefois avec les tergiversations ayant marqué et qui marque toujours le dossier des Marocains bloqués depuis mars 2020 à Ceuta. En effet, depuis au moins décembre, un groupe de Marocains attendent toujours l'ouverture d'un couloir humanitaire pour regagner leur pays depuis la ville espagnole. Rien qu'au début de mois de Ramadan, les autorités espagnoles prévoyaient de procéder au rapatriement de 200 personnes bloquées. Toutefois, le processus n'a pas encore eu lieu, faute de «réponse des autorités marocaines». Jusque-là, le Maroc a autorisé l'organisation de six opérations de rapatriement, trois en mai, une en septembre et deux en octobre, pour rapatrier 653 personnes. Mais il semble que Rabat est plus soucieuse de son image devant l'Union européenne que sa posture devant l'Espagne, déjà tombée en disgrâce à cause de l'accueil du secrétaire général du Front Polisario.