Le procureur a demandé à connaître les détails du renvoi du jeune adolescent Achraf au Maroc dont la photo a fait le tour du monde. Achraf pour rappel est un adolescent ayant déclaré dans un reportage d'EL PAIS d'avoir été expulsé au Maroc après avoir rejoint l'Espagne à la nage. Cette enquête aura pour objectif de déterminer si des expulsions à chaud de mineurs marocains ont été entreprises par les autorités de l'enclave espagnole. Selon El Faro de Ceuta, cette procédure a été lancée, suite à la plainte déposée par l'ONG « Coordinadore de Barrios » et vise à analyser les actions des autorités espagnoles et enquêter sur des retours à chaud de mineurs ayant franchi la frontière à la nage. Comme l'a confirmé le procureur de la région, José Luis Puerta, la procédure se concentre, pour l'instant, sur le cas d'Achraf, dont l'histoire publiée par EL PAÍS révèle que l'adolescent, âgé de 16 ans, a été renvoyé au Maroc au moins deux fois la semaine dernière, lorsqu'entre 8 000 et 9 000 personnes ont accédé à Sebta. Une vidéo capturée par le journaliste Jon Nazca pour Reuters montre Achraf, attaché à un flotteur à bouteilles, tentant de rejoindre le rivage de la plage d'El Tarajal, terrorisé, et criant aux militaires déployés : « Vous devez nous comprendre ; je ne veux pas rentrer ! ». La vidéo montre ensuite les soldats escortant Achraf et un autre mineur jusqu'à la barrière marocaine, où ils sont remis aux forces frontalières. Dans le document, l'organisation ayant déposé la plainte allègue la violation des droits de l'enfant lorsqu'un « rejet à la frontière » a été effectué sans avoir prêté l'attention nécessaire à l'éventuelle situation de vulnérabilité de la personne renvoyée, en l'occurrence un mineur. Lire aussi | Déploiement de Pathé au Maroc : le premier multiplex retardé pour 2022 Dans le cadre de l'enquête, le procureur a demandé la vidéo non éditée de Reuters qui détaille la scène de l'accueil puis du retour d'Achraf et dans laquelle le garçon tente d'échapper aux militaires qui l'accueillent sur le rivage. Des informations ont également été demandées au commandement général de Sebta pour identifier les soldats qui apparaissent sur les images ainsi que les différentes instructions reçues par ces derniers le mercredi 19 Mai. Dans la même lancée, la justice tentera de vérifier si d'autres actions similaires ont été menées suite aux témoignages de plusieurs journalistes sur place. D'après ce qu'Achraf a déclaré à EL PAÍS, le premier retour a eu lieu mardi matin, lorsqu'il a été directement rejeté à la barrière. La même nuit, il a réussi à regagner les eaux pour y accéder à la nage. Il a été renvoyé le jour suivant à chaud. Selon la loi sur l'immigration en Espagne, les « retours à chaud » ne sont prévus que pour les personnes de plus de 18 ans. Si elles ont moins de 18 ans, l'expulsion est formellement interdite par les conventions internationales sur la protection de l'enfance. Plus tôt cette semaine, le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska a démenti, toute atteinte aux droits des enfants, déclinant toute accusation de recours à des expulsions à chaud visant des mineurs. Le ministre a expliqué que pour les cas constatés, les autorités espagnoles auraient plutôt empêché les migrants n'ayant pas encore atteint la ville, de franchir la frontière.