« Il n'y a pas de prisonniers politiques au Maroc », Ce sont les propos de la présidente du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), Amina Bouayach, lors d'une interview accordée à l'agence de presse espagnole (EFE). Cette récente déclaration avait provoqué l'ire des ardents défenseurs des droits de l'Homme. Une semaine plus tard, la présidente du CNDH riposte en publiant une tribune intitulée « Libérer les jeunes ». Alors que la nomination de nouveaux membres-clés du CNDH, le mois dernier, semble donner un nouvel élan au chantier des droits de l'Homme au Maroc, la déclaration d'Amina Bouayach marque au fer rouge son mandat au statut de présidente du conseil. En effet, depuis la publication de son interview avec l'agence de presse espagnole (EFE), le 23 juillet dernier, les fervents défenseurs des Droits de l'Homme n'ont pas cessé de critiquer la déclaration de la présidente du CNDH, au sujet de l'existence de détenus politiques au Royaume. En revanche, l'ex-présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH) n'a pas tardé, de son côté, à réagir et à expliquer le sens de ses propos. Dans une tribune intitulée « Libérer les jeunes » et publiée sur le site du CNDH, hier, Amina Bouayach a signalé qu'elle a suivi « avec grand intérêt » les réactions que sa déclaration a suscitées, notant « la dé-contextualisation » qu'ont subi ses propos. Par ailleurs, la présidente du conseil a fait allusion à « la complexité » de la définition d'un « détenu » politique, en se référant à la définition d'Amnesty international, qui considère qu' « Un prisonnier politique est une personne emprisonnée pour des motifs politiques, c'est-à-dire pour s'être opposé par des actions violentes ou non au pouvoir en place (autoritaire ou moins) de son pays (internationalement reconnu ou non) ». Toutefois, Amina Bouayach n'a pas éliminé la probabilité que les détenus du hirak d'Al Hoceima ou de Jerada « soient politiquement motivés ». La figure marocaine des droits de l'Homme a également taché de rappeler dans sa tribune que le CNDH est « une institution constitutionnelle nationale avec trois missions fondamentales de Prévention des violations, de Protection et de Promotion des Droits de l'Homme ». Elle poursuit que « le CNDH se doit d'être exigeant et précis dans l'évaluation des cas, avérés ou non, de violations des droits de l'Homme dans notre pays ; et ce, au vu de la responsabilité, non seulement légale, mais aussi humaine et morale dont il est investi ». Sur un autre registre, la responsable annonce la publication d'un rapport relatif aux conditions d'arrestation et de procès et promet de préserver l'indépendance de son institution, en précisant que le conseil « ne trahira jamais la confiance que les victimes, leurs familles et les Marocains portent en lui ».