L'expert des droits de l'Homme Aziz Idamine a (lui aussi!) vivement critiqué la présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) Amina Bouayach, estimant qu'elle « avait utilisé avec mauvaise foi le guide d'Amnesty International ». Après avoir nié « l'existence de prisonniers politiques au Maroc » au cours d'une interview accordée à l'agence de presse espagnole EFE, Amina Bouayach a publié hier un texte, intitulé « Talqo drari » (littéralement, libérez les gamins) où elle maintient ses propos. En réaction, le chercheur en sciences politiques et expert international aux droits de l'Homme Aziz Idamine a rédigé un texte prolixe, publié sur sa page Facebook, pour exprimer le profond désaccord avec la responsable. S'il parle de « mauvaise foi » dans le référencement d'Amina Bouayach qui a évoqué le guide d'Amnesty International pour appuyer ses propos, c'est parce que « son troisième chapitre distingue le prisonnier politique pacifiste du prisonnier politique non violent ». Le titulaire d'un certificat au Haut-commissariat des droits de l'Homme estime que le CNDH « n'a pas abordé les cas de manifestations violentes, car dans de tels cas, des considérations autres que les droits d'expression et d'association sont également soulevées » et se demande « est-ce que Madame Amina Bouayach considère que les manifestations d'Al Hoceima étaient violentes ». Aziz Idamine appelle dans son texte le Conseil à « être toujours prudent dans l'évaluation des cas de violation des droits de l'Homme au Maroc, qu'il s'agisse de violations avérées ou de simples allégations, au regard de la responsabilité non seulement juridique, mais également humaine et morale qu'il porte ». Le formateur et expert en mécanismes internationaux de protection des droits de l'Homme explique que : « Si les jeunes arrêtés sur la base de ces événements remplissaient les critères de définition du +détenu politique+ tels que définis ci-dessus, les déterminants du travail du Conseil auraient été plus clairs et même plus faciles et sa présidente appellera sans hésitation à la libération immédiate et à l'indemnisation des détenus ». Il ajoute sur ce point précis que « si le but n'est pas de libérer les détenus, pourquoi ces réunions avec leurs familles, promesses de roses ces espoirs trompeurs ? Est-ce pour prendre des photos ? »