Lors d'un entretien datant de juillet, Amina Bouayach avait affirmé qu' « il n'y avait pas de détenus politiques au Maroc ». Une déclaration qui avait suscité un vive tollé, dénonçant une allégation mensongère. Dans un courrier intitulé « Libérez les jeunes », reprenant l'invocation des familles des détenus de Al Hoceima et Jerada, et dont une copie est parvenue aujourd'hui à barlamane.com, Amina Bouayach explique que ses propos tels que repris sur la toile et par certains sites ont subi « fragmentation et dé-contextualisation ». Dans le document qu'elle signe, la présidente du CNDH montre qu'il n'existe pas de définition communément admise du concept de « détenu politique ». Il est différemment défini par plusieurs organisations internationales de Droits de l'Homme, avec des nuances liées notamment à la « motivation politique ». Elle énonce un postulat, communément admis cependant, selon lequel la violence prévaut sur la motivation politique ôtant ainsi à tout détenu ayant participé à des actes de violence, le droit à cette dénomination de « prisonnier politique » ; et ce, avant de se pencher sur les événements du Rif. A. Bouayach affirme que dans ce sens, les détenus de Al Hoceima et de Jerada ne sont pas des prisonniers politiques. Elle les qualifie cependant de « victimes d'un fonctionnement défaillant, qui peine à garantir les droits économiques et sociaux de ses citoyens ; à leur en assurer une vie digne et répondre à leur revendications légitimes » dont l'origine est une « crise de performance » qui a engendré une véritable « crise de confiance » . Rappelant les attributions du CNDH et son indépendance à laquelle elle est attachée, elle avance que l'instance nationale continuera de soutenir les prisonniers et leurs familles « selon la même démarche d'écoute, d'empathie et de considération, avec la même rigueur et le même sens du devoir et du dévouement ». Elle assure, en outre, que le travail sur la question des détenus politiques sera examiné avec l'Institut de Rabat Driss Benzekri pour les droits de l'Homme et des experts nationaux et internationaux. Elle précise également qu'un rapport du CNDH sera publié suite à son assemblée générale qui concernera notamment les conditions d'emprisonnement des détenus des événements du Rif, pour pouvoir tourner la page sereinement d'un épisode qui a marqué, divisé et blessé les Marocains. Pour conclure son message, Mme Bouayach réitère que « le CNDH ne trahira jamais la confiance que les victimes, leurs familles, et les Marocains portent en lui ».