L'écrivain marocain feu Mohamed Abed Al Jabiri était un "phare" de la pensée arabe, a affirmé, vendredi soir à Asilah, le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Asilah, Mohamed Benaissa. -Envoyée spéciale : Soumia AL ARKOUBI- S'exprimant à l'ouverture d'un colloque sur "Mohamed Abed Al Jabiri : la raison perdue", organisé dans le cadre de la 25-ème session de l'Université d'été Al Motamid Ibn Abbad, Benaissa a mis en exergue la production intellectuelle riche et distinguée du défunt et son engagement pour défendre les questions nationales, l'unité et le progrès de sa Nation. Il a passé en revue le parcours intellectuel de feu Abed Al Jabiri qui est marqué par "l'audace et la méthodologie", surtout dans sa relecture du patrimoine philosophique et intellectuel arabo-musulman. Pour sa part, Dr. Issam Abed Al Jabiri, fils du regretté a évoqué les publications de son père et sa contribution à l'édification d'une pensée arabe moderniste et à l'enrichissement de la scène culturelle nationale et arabe. Les autres intervenants, venus de plusieurs pays arabes, ont salué l'esprit critique du défunt à travers notamment sa thèse sur "la critique de la raison arabe" qui se veut "une introduction à la modernisation du paysage culturel et intellectuel". La critique de la raison chez Abed Al Jabiri est une critique "qualitative qui a dépassé les critiques idéologiques dominantes", ont-ils-indiqué, rappelant ses qualités personnelles, notamment la modestie, la fidélité et la soif de la connaissance. Les participants ont salué également l'engagement politique du défunt à travers le mouvement nationaliste, un engagement marqué par la "probité et l'intégrité". Né le 27 décembre 1935 à Figuig et décédé le 3 mai 2010 à Casablanca, Mohamed Abed Al-Jabiri est un philosophe marocain et un spécialiste de la pensée du monde arabe et musulman. On lui doit le projet de la Critique de la raison arabe en quatre volumes : "la formation de la raison arabe", "la structure de la raison arabe", "la raison politique arabe", "la raison éthique arabe". Al Jabiri a commencé sa carrière en tant que professeur de philosophie à l'Université de Rabat. Son doctorat sur Ibn Khaldoun lui a inspiré la nécessité de procéder à une refondation de la pensée arabe, classique et moderne. Il a publié notamment "le discours arabe contemporain" et "la rénovation de la pensée arabe". Le défunt a plusieurs prix à son actif, notamment le prix de Bagdad pour la culture arabe (1988), le prix des études intellectuelles dans le monde arabe, société MBI, Unesco (2005) et le prix des commandeurs de la Fondation de la pensée arabe (Beyrouth 2005).