Le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Asilah, Mohamed Benaissa a appelé, mercredi soir, à la "coexistence des langues" et à l'ouverture sur l'autre. De notre envoyée spéciale : Soumia AL ARKOUBI S'exprimant à l'ouverture d'un colloque, qui se tient à Asilah, sur le "dialogue des cultures arabes : réalité et aspirations", M. Benaissa a souligné l'importance d'une ouverture basée sur une harmonie avec les fondements originaux. "Ce qui nous permettra de préserver et de développer ces fondements et ces spécificités", a-t-il dit, tout en mettant l'accent sur la nécessité d'une "ouverture consciente" sur l'autre, tout en tirant profit de l'esprit de la mondialisation. Il a estimé, lors de cette rencontre organisée dans le cadre de la 25-ème session de l'Université d'été Al Moatamid Ibn Abbad, que la langue arabe n'est pas un rival des autres langues qui l'ont côtoyée, affirmant que "la force de la politique, de l'économie et du savoir renforce la langue, son mérite et sa domination". "La mondialisation ne reconnaît pas de frontières" parce qu'elle est issue d'une culture universelle qui snobe les patries, et elle est, par conséquent, susceptible de menacer d'extinction les cultures nationales et locales, a-t-il ajouté. Les autres intervenants venus de plusieurs pays arabes ont dénoncé toutes les formes d'imitation, les préjugés et les clichés, estimant que l'innovation et la créativité sont les seuls moyens censés garantir l'évolution des cultures arabes et leur coexistence. Le conflit des cultures au sein de la communauté arabe n'est, en réalité, qu'un conflit politique, ont-ils souligné, appelant à employer la culture au service du développement régional. La rencontre a aussi été une occasion pour prendre conscience de l'état inquiétant des cultures arabes qui risque de menacer leur avenir, relevant les défis ayant mené à cette situation. Les participants ont soulevé aussi le rôle prépondérant que jouent les cultures nationales dans la création des liens rapprochant peuples et nations et dans la lutte contre les politiques de ségrégation et de dispersion adoptées par les courants et idéologies hostiles au changement, à la communication et aux progrès. Ces politiques, qui menacent les cultures arabes et leurs spécificités, favorisent l'expansion d'une sorte de pensée nihiliste et entraînent la disparition des langues nationales et des cultures locales. Le colloque est axé autour de "l'état des lieux des cultures arabes entre la perspective nationaliste", "la vision ethnique, le dialogue des cultures entre centre et périphérie" et "les cultures arabes face à la mondialisation". L'Université d'été Al Moatamid Ibn Abbad, qui s'est ouverte samedi par un colloque sur les énergies renouvelables, sera marquée par des rencontres portant notamment sur "les arts contemporains et la crise financière internationale", "la diplomatie et la culture" et "l'immigration : obligations et droits dans l'espace européen".